Depuis le 1er janvier, commence tout simplement une autre présidence européenne, le travail devrait être en grande partie le même que d’habitude, non ? L’Allemagne et le Portugal ont écrit deux pages importantes de l’histoire politique en 2007 : sur le changement climatique et l’énergie et sur le Traité de Lisbonne. Il est vrai que l’UE aura toujours du travail, mais il semble pour le moment difficile « d’inventer » quelque chose d’aussi percutant que ce qui vient d’être fait, aux yeux du public.
Le Ministre des Affaires étrangères slovène, M. Rupel, a récemment présenté les cinq priorités de la présidence de son pays à Bruxelles :
– le futur de l’Europe (c’est-à-dire la mise en œuvre du Traité de Lisbonne),
– le paquet Energie et Climat (c’est-à-dire l’application technique des engagements pris en mars 2007),
– la stratégie de Lisbonne (avec le lancement du prochain cycle),
– la politique de l’élargissement et de voisinage (l’Ouest des Balkans)
– et le Dialogue interculturel.
Selon ses propres mots, la Slovénie recherchera de nouvelles synergies en politique et renforcera encore la performance de l’UE.
Le futur de l’Europe
La priorité sur le futur de l’Europe devrait attirer l’attention de ceux qui s’intéressent aux questions institutionnelles. Après que la Hongrie ait ratifié la première le traité, l’UE doit procéder à vingt-six ratifications jusqu’à ce qu’il entre en vigueur, normalement en janvier 2009 (espérons que nous y arriverons cette fois-ci). Mais au-delà des ratifications nationales, la Slovénie devra procéder à un travail préparatoire, afin que le traité soit opérationnel rapidement.
Examinons tout d’abord la partie politique : la désignation et le modus operandi de la nouvelle présidence du Conseil européen et du nouveau poste de Haut commissaire à la politique étrangère et à la sécurité. Ce travail requerra une forte coopération avec les Français (qui prennent la présidence au 1er juillet) et beaucoup de manœuvres politiques.
De plus, la Slovénie aura encore du travail à fournir dans le domaine du service d’action externe ou le Corps diplomatique européen. Pour ceux qui se souviennent de l’épisode de 2005, cela sonnera comme un air de « déjà-vu ». Ce fut problématique et cela pourrait bien l’être à nouveau. M. Rupel devrait également croiser les doigts pour que rien de mal n’arrive pendant le processus de ratification.
Energie et Climat
Le travail sur le paquet Energie et Climat sera à la fois technique et hautement politique. La Commission européenne devrait mettre le plus crucial des dossiers sur la table de la présidence vers la fin janvier. Dans peu de temps, le paquet prévoira le partage des engagements pris en mars 2007 : notamment sur les émissions de gaz à effet de serre et les énergies renouvelables. La Slovénie traversera un moment difficile pour parvenir à temps à un simple compromis lors du Sommet européen de mars, cette question ayant révélé nombre de divisions. Un accord partiel des vingt-sept serait déjà un succès.
La stratégie de Lisbonne
La stratégie de Lisbonne est un pari qui n’a jamais été aussi difficile à atteindre : à la fois très abstraite et variée. La Slovénie supervisera le lancement du prochain cycle de trois ans qui doit définir les grandes lignes des futures réformes. Le travail est déjà presque accompli ; la Slovénie cherchera à s’affirmer sur le plan politique et entamera tranquillement le débat sur l’après-Lisbonne.
L’Ouest des Balkans
L’Ouest des Balkans fait davantage la une des journaux. Même si nous laissons de côté la question du Kosovo, le travail à accomplir est immense. Alors que le Monténégro et l’Albanie progressent lentement, la Macédoine s’enlise quasiment, l’avenir de la Bosnie et de l’Herzégovine est peu prometteur.
Mais c’est surtout à la Commission que reviennent les questions sur l’élargissement, tandis que la Slovénie veut travailler sur un autre tableau : réaffirmer l’ambition européenne de voir cette partie du globe intégrer l’UE le plus tôt possible. En supposant que la Slovénie connaisse mieux que quiconque cette région, nous devrions assister à une déclaration politique pendant ces six prochains mois, en faveur de ces pays.
Le Dialogue interculturel
2008 a également été désignée Année européenne du Dialogue interculturel. Selon la tradition, cela signifie que la présidence lancera des projets sur ce sujet, que la Commission débloquera des fonds en faveur de la société civile et que d’autres institutions communautaires organiseront des conférences. Espérons que des débats intéressants s’ouvriront à cette occasion.
Conclusion
J’ai volontairement laissé de côté les questions de politique étrangère. Les experts déclarent que le moment crucial de cette présidence slovène n’aura pas lieu en juin, mais plutôt pendant la seconde moitié de janvier. La présidence slovène jouera son va-tout lors de la très attendue déclaration d’indépendance du Kosovo. Etant donné que les Slovènes ne veulent pas que cet épisode laisse les mêmes séquelles sur la politique étrangère européenne que celles laissées par la crise irakienne de 2003, ils ont déjà commencé à travailler dur. Lors du récent sommet européen, un accord a été trouvé sur la forme que doit prendre l’action européenne sur le terrain, à savoir une mission de politique européenne de sécurité et de défense (PESD), mais pas sur une position commune à adopter sur les futurs statuts du Kosovo. La Slovénie sera jugée sur la recherche d’un consensus (ou d’un simili de consensus).
A l’exception du Kosovo, la Slovénie fera probablement moins la une des journaux que ses deux prédécesseurs. Pour autant, cela ne ternit en rien le symbole de cette première présidence menée par un pays entré en 2004 dans l’UE. En coulisse, l’élargissement fera figure de test des politiques européennes. La Slovénie peut-elle accomplir sa tâche tant dans les nombreux comités que sur la scène internationale ?
Cela étant dit, le 1er juillet 2008, la Slovénie espère transmettre à la France une UE capable de mieux tenir ses engagements. Cela peut paraître modeste, mais l’histoire montre que ce n’est pas une mince affaire pour un nouvel entrant.
Le contour du logo de la présidence slovène de l’UE ressemble à une feuille de chêne qui symbolise le caractère des Slovènes – solide, persistent, digne de confiance – un peuple qui garde la tête froide en toute circonstance et réfléchit avant d’agir. Le bois de chêne est de grande qualité comme en témoigne, par exemple, son utilisation pour confectionner les tonneaux de vin. D’un autre côté, ce logo est une combinaison des cinq éléments : le feu, la terre, l’air, l’eau et l’éther. Plus que tout, il renvoie à l’ouverture, au mouvement, à l’ambition et à une harmonie naturelle.
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