Une nuit qui change l’Europe

Marcel Wollscheid - Rédacteur en chef du magazine treffpunkteuropa.de
Il y a 43 ans, le Royaume-Uni devenait un Etat-membre de la Communauté européenne. Maintenant il est temps de se dire au revoir : Les Britanniques se sont prononcés en faveur du Brexit lors du référendum sur l’Union européenne.
Le Premier ministre Cameron a finalement avec la stratégie ouvert la boîte de Pandore, en utilisant le référendum britannique sur la participation à l’Union européenne comme moyen coercitif sur les discussions au sein de la famille européenne. La livre sterling tombe au plus bas depuis 30 ans après le résultat Brexit. Les marchés financiers en Europe s’effondrent. Le Royaume-Uni s’est déchiré à travers ce référendum entre l’Angleterre et le Pays de Galles d’un côté et les Etats majoritairement pro-européens, l’Ecosse et l’Irlande du Nord d’un autre côté. En cohérence, Cameron doit prendre ses responsabilités et démissionner.
L’Union européenne se transformera à travers le Brexit : elle sera par la sortie du troisième plus grand Etat-membre, la deuxième économie géopolitiquement sensiblement plus petite, économiquement plus orthodoxe de la part de l’Etat et plus fortement polarisé de l’Allemagne.
Dans le même temps, l’Union européenne doit changer pour survivre à l’avenir. Ni sa légitimité démocratique, ni les résultats de l’Union ne sont aujourd’hui satisfaisants pour les deux vastes parties des populations. Il est grand temps de relancer le moteur franco-allemand – avec pour objectif de refonder l’Union européenne comme garante de prospérité, de sécurité et de liberté au XXIe siècle.
Ce statu quo n’a jamais fait rêver personne

Hervé Moritz - Rédacteur en chef du magazine Le Taurillon
Une majorité des Britanniques ont choisi le 23 juin de quitter l’Union européenne. C’est une défaite amère pour les partisans du projet européen dans une campagne qui a fait la part belle aux clichés et aux arguments faciles plutôt qu’à la raison. Après la victoire du camp du Brexit, dans un royaume plus que jamais divisé, on ne peut pas se réjouir de la perte prochaine de près de 64 millions de citoyens européens. D’autant que cela encourage d’autres à quitter le navire plutôt qu’à le mener à bon port.
Dans cette campagne aux dérives nationalistes, il manquait un camp, celui des pro-Européens, des fédéralistes. Les Britanniques avaient le choix entre la sortie de l’Union européenne ou le chantage de David Cameron, une Europe intergouvernementale « à la carte », bloquée, sans perspective, condamnée au statu quo. Ce statu quo n’a jamais fait rêver personne.
L’Union européenne dans sa forme actuelle est donc dépassée, à l’agonie, et tant mieux. Cette Europe intergouvernementale et technocratique, punitive, qui décide derrière des portes closes, qui griffonne des directives au sommet de tours de verre bruxelloises, personne n’en veut. Les fédéralistes ont sonné l’alarme depuis plusieurs années.
Que faut-il faire maintenant ? Nous avons besoin d’un projet nouveau, d’une refondation profonde du projet européen. Cette nouvelle ambition doit permettre de prendre des décisions concrètes immédiates pour résoudre la crise des réfugiés, la crise économique et sociale, la crise politique de l’Union européenne du fait de la faiblesse de ses institutions, en particulier du Parlement européen. On ne peut pas attendre les élections françaises et allemandes de 2017. Il faudra également être ferme dans les négociations avec le Royaume-Uni, dehors c’est dehors. Et avec ceux qui le souhaitent, osons le saut démocratique et fédéral !
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