La finalisation des plans d’aide immédiate
Cette réunion par visio-conférence a permis de faire le point sur la situation sanitaire en Europe et a façonné la stratégie coordonnée de sortie de confinement. La question première de cette stratégie est la mise en place de la reprise des cours dans les écoles et la reprise de l’activité économique. A la suite du Conseil européen du 26 mars et à sa demande, la Commission européenne a publié le 14 avril une feuille de route pour la levée des mesures de confinement qui a été saluée lors de ce Conseil. La question des vacances d’été a été un point important de cette réunion. Par ailleurs, le projet d’application numérique de traçage a été affiné et il a été spécifié que celle-ci se mettrait en place de manière volontaire et en protégeant l’anonymat. Enfin, les Etat-membres se sont coordonnés quant à la gestion des frontières extérieures à l’UE.
Après ces discussions sur la gestion courante et immédiate de la réponse européenne à l’épidémie, les membres du Conseil on pu avaliser le plan d’aide de 540 milliards négocié par les ministres des Finances de l’UE le 9 avril. Ce plan d’aide en direction des travailleurs, des entreprises et des Etats-membres se divise en 3 parties. 100 milliards d’euros pour assurer le chômage partiel dans les régions les plus touchées (plan SURE), 200 milliards de prêts aux entreprises via la Banque européenne d’investissement et 240 milliards de prêts aux Etats-membres dans le cadre du Mécanisme européen de stabilité financière. Grâce à l’approbation de ce paquet par le Conseil, il a été décidé que ce plan de soutien serait opérationnel le 1er juin.
La stratégie de sortie de crise
Avant d’aborder le mécanisme de sortie de crise et de relance économique, il a été mentionné deux concepts importants pour la sortie de crise. A savoir l’autonomie stratégique de l’UE, à travers la nécessité de filtrer les investissements étrangers en Europe, notamment en cette période de baisse de la valeur des actifs. Mais aussi en renforçant et en protégeant certains secteurs stratégiques qui ont pu faire défaut durant cette crise. L’autre concept est la solidarité par rapport à la différence qu’on pu éprouver les régions et pays européens face au virus. Notamment la France et ses voisins belges, italiens et espagnols. Il est donc nécessaire d’aider en priorité les régions les plus touchées. Mais, du fait que les Etats-membres évoluent dans des sphères financières légèrement différentes, la Commission doit aussi pouvoir aider les Etats-membres dans le besoin grâce aux garanties les plus favorables des Etats-membres.
Les contours du Plan Marshall
L’annonce la plus importante durant ce Conseil fut la présentation d’une feuille de route pour la relance, à la suite du mandat donné par le Conseil européen. Il ne manque pas d’ambition et de solidarité, et a été salué par l’ensemble du Conseil. La France a notamment insisté sur l’ampleur maximale que devrait avoir ce plan de relance et la nécessité de le rendre opérationnel le plus rapidement possible. L’Allemagne et sa chancelière ont exprimé leur contentement à l’issue du Conseil et se sont dits tout à fait prêts à contribuer de manière beaucoup plus importante au budget de l’UE. Mark Rutte pour les Pays-Bas a rappelé qu’il n’y avait aucune tension, « si jamais elles avaient déjà existé ». Tous les dirigeants se sont efforcés de rappeler la teneur sereine et cohérente des débats, peut-être pour essayer de contrer la propagande de certains journalistes qui ne relatent que des divisions. Mais malgré tous ces efforts, certains journalistes ont préféré se focaliser sur des divisons virtuelles. Et occulter l’essentiel.
L’Europe double son budget pour faire face à la crise
A savoir le doublement du budget européen actuellement à 1% du PIB pour l’amener à 2 % du PIB. La présidente de la Commission européenne a rappelé que le budget européen bénéficiait de la confiance de tous les Etats-membres et que son efficacité n’était plus à démontrer. Le Conseil européen a donc accueilli favorablement et avec enthousiasme cette proposition de relance. Qui consistera en un fonds européen constitué par des transferts budgétaires et la constitution d’une manne financière grâce à la capacité financière des Etats-membres.
Il constituera un chapitre propre du budget européen et aura deux grandes priorités d’investissement. Via les programmes existants, les investissements se dirigeront vers les régions et les secteurs économiques les plus touchés. Et d’un autre côté vers les grandes priorités d’avenir de l’UE que sont le développement des infrastructures numériques et les technologies vertes du Green Deal. Grâce au mandat donné par le Conseil européen, la Commission présentera donc dans les prochains jours son plan détaillé doublant le budget européen actuel en apportant 1000 milliards d’euros en plus pour les régions, les secteurs les plus touchés, et les grandes politiques d’avenir de l’UE.
Les prochains jours verront donc la finalisation de la proposition de la Commission, accompagnée de réunions bilatérales entre Etats-membres pour se mettre ensuite d’accord lors d’un prochain Conseil européen en mai. Comme l’a dit Charles Michel président du Conseil européen : « Pour que cette stratégie soit couronnée de succès, nous devons assurer l’adhésion des gouvernements et des parlements, des partenaires sociaux et des citoyens. Nous nous engageons à écouter leurs préoccupations, à procéder à de larges consultations et à créer les conditions d’un dialogue permanent avec toutes les parties prenantes. ». On peut espérer que le secteur culturel particulièrement touché en cette période se saisisse de cette ouverture en lien avec les pro-européens pour assurer un renforcement des programmes de diffusion de la culture européenne.
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