Du fait de leur histoire, la France et l’Allemagne sont historiquement connues pour impulser les évolutions de l’Union. Le 8 juillet 2020, Angela Merkel proclamait : « Je crois en l’Europe, je suis convaincue de l’idée européenne. Non seulement en tant qu’héritage du passé, mais en tant qu’espoir et vision pour l’avenir ». Mais comment a-t-elle œuvré pour cette idée ?
Maîtresse du compromis
Les avancées européennes majeures ont sans nul doute été permises par sa capacité à ne pas rester campée sur ses positions. En 2008, lors de la crise économique qui frappe le continent européen, elle préconise dans un premier temps la rigueur budgétaire. Face aux inégalités des conséquences de cette crise, notamment sur les économies les plus fragiles, comme en Grèce, elle revient finalement sur ce projet et accepte un plan de sauvetage des banques. Au moment de la crise du Covid, un schéma semblable se reproduit. Elle rejoint les pays qualifiés de « frugaux » et s’oppose dans un premier temps à une mutualisation européenne des créances. Elle fait finalement volte face et propose, aux côtés de la France, un fonds de solidarité européen de 500 milliards, inspirera le plan de relance “Next Generation EU”, d’un montant de 750 milliards.
Une femme politique engagée au sein de la droite réformiste
En 2015, lors de la crise migratoire, elle choisit d’accueillir plus de 1,1 millions de migrants, un choix salué à l’international. Sa critique également de l’attitude hongroise avait fait de l’Allemagne un modèle et pu inciter les pays à davantage de conciliation. Angela Merkel a encore été à l’origine d’initiatives pour protéger le climat. En 2007, elle a été dotée du surnom Klimakanzlerin « la chancelière du climat ». Lors de la nouvelle présidence allemande du Conseil de l’Union européenne, elle a milité pour que les Etats membres acceptent de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% en 2035 par rapport à 1990.
Angela Merkel s’est par ailleurs démarquée par son habileté à évoluer avec son temps et à faire parfois du discours de son opposition une force. Le rôle progressif qu’elle a joué par rapport à la dépénalisation du recours à l’IVG avant sa présidence, les mesures prises en faveur des droits des femmes et le mariage homosexuel sont là pour en témoigner.
Une préférence pour la croissance économique, parfois au détriment de la solidarité et des droits de l’homme
Malgré cet engagement pour les droits humains, il faut rappeler l’attitude de l’ex-chancelière allemande face à la crise de la dette grecque par exemple. Merkel était initialement opposée à tout effacement de la dette grecque, et avait même envisagé un retrait du pays de la zone euro. C’est ensuite en 2020 que Merkel a privilégié la signature d’un accord sur les investissements entre l’Union européenne et la Chine, alors qu’elle avait auparavant condamné les actes de la Chine à l’encontre des Ouïghours. Il en va de même pour les bonnes relations que l’Allemagne a toujours tenté d’entretenir avec la Russie, elle aussi critiquée pour ses actes plus ou moins démocratiques.
Une cheffe d’Etat avant tout
Si Merkel croyait au projet européen, elle restait avant tout le leader politique de son pays, et faisait ainsi primer l’économie de l’Allemagne à l’intérêt de l’Union européenne. Or son économie dépend en grande partie du marché unique qu’elle cherche à préserver et stimuler. Alors les intérêts nationaux prennent le dessus sur certains principes, qu’elle défendait pourtant. Pour le moment, aujourd’hui encore, c’est premièrement devant leur population qu’ils ont à répondre, avant l’Union européenne.
Une reconnaissance internationale
Une image restera de la fin de son dernier mandat : la standing ovation que l’ancienne chancelière a reçu pour son 107ème et dernier conseil avec les 27 chefs d’État de l’Union européenne. Quelques soient les divergences et polémiques qui ont pu entourer ses prises de position, ce symbole prouve la reconnaissance générale dont elle bénéficiait pour son action au sein de toute l’Union européenne.
Suivre les commentaires :
|
