Le “prudent” Paschal Donohoe élu à la tête de l’Eurogroupe, en dépit des voeux allemand et français

, par Jérôme Flury

Le “prudent” Paschal Donohoe élu à la tête de l'Eurogroupe, en dépit des voeux allemand et français
Le ministre des Finances irlandais est élu pour deux ans et demi à la présidence de l’Eurogroupe. Photo : Aron Urb (EU2017EE)

Au terme de deux tours d’élection, les dix-neuf ministres des finances de la zone euro ont élu le 9 juillet l’Irlandais Paschal Donohoe à la tête de l’Eurogroupe pour les deux ans et demi à venir. Une décision politique, qui allait notamment à l’encontre des voeux de l’Allemagne et de la France.

« Je suis profondément honoré » : au terme de deux tours d’élection, Paschal Donohoe a été élu le 9 juillet à la tête de l’Eurogroupe, instance rassemblant les ministres des Finances de la zone euro. L’Irlandais de 45 ans succède au Portugais Mario Centeno et devrait occuper ce poste pour les deux années et demi à venir. Une période qui sera marquée par un effort nécessaire de relance économique après les pertes importantes dues à la crise de la Covid-19 en Europe.

Petite surprise pour ce poste clé

L’Espagnole Nadia Calvino partait favorite pour cette élection. Mais bien que soutenue notamment par la France, l’Allemagne et le Portugal, cette socialiste, ancienne de la Commission européenne, affichait une ambition d’intégration pour la zone euro, qui déplaisait aux “frugaux” et tout particulièrement aux Pays-Bas. Et c’est le retrait entre les deux tours d’un troisième candidat, le Luxembourgeois Pierre Gramegna, qui a profité à Paschal Donohoe. “Ce conservateur a bénéficié du soutien de sa famille politique, tout en capitalisant sur son positionnement modéré, commentent Les Echos, dans un scrutin majoritaire où chaque Etat-membre dispose d’une voix, les « grands » pays n’avaient pas la capacité d’entraînement dont ils disposent dans d’autres dossiers européens.

L’Irlandais se retrouve dans un rôle qui compte au sein de l’Union. Le président de l’Eurogroupe a en effet pour mission de présider les réunions mensuelles des ministres des Finances, dont l’objectif est d’assurer la coordination des politiques économiques nationales. Jusqu’en 2005, ce poste était occupé par le ministre dont l’Etat membre présidait l’UE ou, si cet État ne faisait pas partie de la zone euro, par le ministre de l’État assurant la présidence suivante du Conseil. Le premier président à avoir été élu à la tête de l’Eurogroupe et qui est resté plus de huit ans à la tête de l’organisme, est Jean-Claude Juncker, devenu par la suite président de la Commission européenne.

Ce poste a été important lors de la crise de la dette grecque et devrait également faire face à des enjeux majeurs cette année après les conséquences dévastatrices de la pandémie de coronavirus et le confinement généralisé en Europe. D’après la Commission européenne, le PIB des 19 pays ayant adopté l’Euro pourrait chuter de 8,7% en 2020.

Et par ailleurs, dans le contexte du départ du Royaume-Uni de l’UE, qui sera définitif au 31 décembre, l’union monétaire, représente désormais 86 % du produit intérieur brut de l’Union européenne.

Gestionnaire prudent, il s’est opposé à la taxation des GAFA

Cette élection hautement politique a placé à la barre de la zone euro un homme qui avait peu à peu remis à flots l’économie irlandaise depuis sa nomination au poste de ministre des Dépenses publiques en 2016. Le gouvernement irlandais a enregistré en 2018 son premier excédent budgétaire depuis la crise financière. Qualifié par les observateurs de “prudent gestionnaire”, Paschal Donohoe, qui a fait une partie de sa carrière dans le privé, est toutefois également réputé pour défendre un taux d’imposition des sociétés à 12,5 %, plutôt bas et s’était opposé à la taxation des Gafa (Google, Amazon, Facebook et Apple) par l’Union, exprimant ses “fortes réserves” sur le sujet. Aujourd’hui, l’Irlande accueille toujours les sièges européens des géants américains du numérique.

L’homme de 45 ans a été reconduit à son poste dans le nouveau gouvernement formé après un accord de coalition signé fin juin entre sa formation, l’autre grand parti centriste (Fianna Fail), et les Verts. Le compromis, voilà une option qu’il devra manier au niveau européen. « En tant que président, je chercherai à jeter des ponts entre tous les membres de la zone euro et à dialoguer activement avec eux pour faire en sorte que nous adoptions une approche consensuelle concernant la relance de nos économies et de nos sociétés », a déclaré Paschal Donohoe jeudi 9 juillet. Le quotidien belge Le Soir le décrivait comme le “candidat du consensus, ni idéologue, ni populiste”.

Paschal Donohoe a été reconduit à son poste de ministre des Finances dans le nouveau gouvernement formé après l’accord de coalition signé fin juin entre sa formation, le parti centriste Fianna Fail et les Verts. Il débutera ses fonctions continentales lundi 13 juillet. Et présidera une première rencontre des ministres des Finances de la zone euro le 11 septembre 2020. Ce mandat sera intense et cette nomination pourrait être un cadeau empoisonné ou au contraire l’opportunité de se démarquer sur la scène diplomatique européenne.

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