Après les élections européennes du 9 juin, il était temps d’établir le collège de la Commission. Le 17 septembre, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, avait levé le voile sur les commissaires choisis, en accord avec les Etats membres.
Souvenez-vous, le choix du commissaire français avait fait du bruit. A l’origine, Thierry Breton, qui était commissaire européen au marché intérieur, devait être à nouveau le représentant de la France. Il a finalement démissionné. C’est Stéphane Séjourné, ancien ministre des affaires étrangères et président du groupe Renew Europe au Parlement européen qui a été choisi pour le remplacer et être un des six commissaires vice-présidents exécutifs.Il a été chargé du portefeuille “Prospérité et Stratégie industrielle”.
Du 4 au 12 novembre, les commissaires ont passé des auditions parlementaires. Pendant trois heures, chacun passait devant les groupes politiques qui composent le parlement pour convaincre de sa candidature.
Des profils discutés
Trois profils ont interpellés, mais pas à cause des auditions. Teresa Ribera, qui était ministre espagnole de la Transition écologique et du Défi démographique jusqu’au 25 novembre.Il était impensable qu’elle fasse partie du collège pour le PPE et surtout pour le Partido Popular (centre-droit espagnol), car ils la considéraient comme responsable de la gestion catastrophique des inondations à Valence. Raffaele Fitto, qui était ministre du gouvernement Meloni et qui candidatait pour un poste de vice-président exécutif. Et Olivér Várhelyi, proche de Viktor Orbán et candidat pour le portefeuille de la Santé. Pour ces derniers, le fait d’être en lien avec les chefs de gouvernement d’extrême-droite italien et hongrois aurait pu leur porter préjudice.
Le vote de l’ensemble des candidats par le Parlement était alors compromis. Mais le 20 novembre, les groupes PPE, S&D et Renew Europe sont parvenus à un accord qui permettait en théorie de faire valider la Commission au moment du vote. Peu de suspens donc pour ce vote qui a eu lieu le mercredi 27 novembre.
Le discours d’Ursula von der Leyen
Précédant directement le vote, un débat sur le sujet a eu lieu. Que ce soit les sièges des eurodéputés ou les tribunes des journalistes, tout était rempli, fait assez rare pour le mentionner. La séance de débat a commencé avec une prise de parole d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission.
Cette dernière, peu après avoir commencé son discours, a abordé la première initiative de la nouvelle Commission, le “Compas de la compétitivité”. Elle explique qu’il sera construit sur trois piliers issus du rapport Draghi. Le premier est de combler l’écart de compétitivité avec les Etats-Unis et la Chine. Le deuxième est un plan commun pour la décarbonation et l’agriculture. Le troisième a pour but d’accroître la sécurité et de réduire les dépendances.
Grâce à ce “compas”, von der Leyen a pu justifier le choix de chaque commissaire en donnant plus de détail sur la mise en oeuvre de ces trois piliers : “Nous aurons Teresa Ribera, notre première Vice-présidente exécutive pour une transition propre, juste et compétitive”, “Nous aurons Stéphane Séjourné [...] pour rapprocher l’industrie et le marché intérieur.”, “Wopke [Hoekstra] était notre principal coordinateur et négociateur clé lors de la COP 28 et de la COP 29, et il mène déjà la route vers un zéro net et une croissance propre.”. Ce discours a donc permis à la présidente de parler de chaque commissaire, tout en dévoilant une projection du futur travail à accomplir.
Place aux eurodéputés
Après ce discours introductif, les eurodéputés ont pris la parole. Pas de surprise, d’un côté les partisans de la commission, et de l’autre les opposants. Pour commencer, Manfred Weber, président du PPE, ne pouvait que manifester sa joie, puisque 14 commissaires sur 26 sont issus de son groupe.“[N]os 14 commissaires PPE dans la nouvelle équipe montrent également le meilleur de l’Europe”. Il a également défendu trois priorités : la compétitivité, la sécurité, et la protection du mode de vie européen.
Un son de cloche plus mitigé chez Garcia Perez, présidente de S&D, “ Le “oui” de la famille sociale-démocrate est un “oui” [...]. C’est un “oui” au nouveau Collège des Commissaires”, mais avec un avertissement, “ [L]es forces pro-européennes qui ont construit l’Union depuis ses débuts ont conclu un accord. Et les accords doivent être respectés. [...] nous n’accepterons pas le double jeu.”.
En face, ceux restés en dehors de l’accord, critiquaient la situation. L’extrême droite, avec par exemple Jordan Bardella, président du PfE, qui exprimait son opposition : “Ces commissaires européens sont anonymes, inconnus du grand public. Ils n’ont été élus par personne et pourtant ils dictent le quotidien de 450 millions de citoyens”.
Et la gauche, Gordan Bosanac des Verts/ ALE commençait sa prise de parole en déclarant : “Aujourd’hui, un vote en faveur de cette Commission sera donné par ceux qui ne croient pas en l’idée d’une Europe démocratique et forte”. Même au sein de S&D, l’accord ne fait pas l’unanimité. Raphaël Glucksmann, n’a pas hésité à poser des limites : “pour défendre le pacte vert européen, pour défendre la souveraineté économique de l’Europe, [...] nous serons à vos côtés. Mais à chaque fois que se reformera cette coalition contre-nature,[...] avec les forces les plus anti-européennes de ce Parlement, nous serons là pour lui tenir tête et pour résister.
L’heure du vote
Après le débat, et une petite pause de 10 minutes après plus de 3h d’échanges, le moment tant attendu est arrivé et les votes ont commencé. Au vu des enjeux, même si cette procédure ne passait que pour une formalité, la tension était palpable. Avant même que le vote ne se finisse, une vingtaine de photographes étaient déjà agglutinés devant Ursula von der Leyen. A tel point que Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, a dû intervenir, “nous n’avons pas terminé notre travail”, mais ils reviendront tout de même au moment du dernier vote.
D’abord plusieurs résolutions et amendements étaient soumis aux eurodéputés, et ont été refusés. Le vote pour faire valider la Commission est ensuite arrivé.Au vu des refus qui précédaient, la tension s’est fait sentir,mais le vote a été favorable à la Commission. Explosion d’applaudissements, photographes dans tous les sens, Roberta Metsola et Ursula von der Leyen ont pris la pose avec le texte signé, le nouveau collège est né.
La nouvelle Commission a reçu 370 votes favorables, 282 votes non favorables et 36 abstentions. C’est le résultat le plus serré dans l’histoire de l’Union européenne.
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