L’Académie européenne du cinéma, figure continentale du septième art
Berlin, 1988 : l’oeuvre “A short film about killing” du réalisateur polonais Krzysztof Kieslowski remporte le Prix du meilleur film lors de la première cérémonie du Prix du film européen. Un an plus tard, une quarantaine de cinéastes européens, dont le célèbre suédois Ingmar Bergman, décident de créer la Société européenne du cinéma dans le but de célébrer les différentes œuvres cinématographiques du continent, de promouvoir leur art et d’animer le débat au sein de l’industrie.
Le premier président de l’Académie fût désigné parmi ses créateurs. Ingmar Bergman, cinéaste emblématique du Vieux continent, dirige alors l’Institut jusqu’en 1996 avant de laisser son siège à Wim Wenders, cinéaste allemand.
Aujourd’hui, la Société européenne du cinéma, devenue Académie européenne du cinéma, regroupe plus de 4400 membres. Grâce à de nombreux partenaires locaux tels que le Centre de cinéma de la Fédération Wallonie - Bruxelles ou le Lietuvos kino centras, mais également transnationaux comme l’organisation Creative Europe - Media ou Eurimages, l’Académie connecte ses membres entre eux et les supporte dans la création.
Enfin, diverses manifestations émanent de l’Académie européenne du cinéma, dont la cérémonie annuelle du Prix du film européen, déjà évoquée ; mais c’est également de l’Académie dont relève la liste des Trésors de la culture cinématographique européenne, enrichie cette année pour atteindre une somme de 35, comme l’âge anniversaire de la cérémonie.
Les 35 Trésors de la culture cinématographique européenne, lieux emblématiques du continent
L’Académie définit les Trésors de la culture cinématographique européenne comme une liste évolutive de lieux d’une nature symbolique pour le cinéma européen, et d’autres d’une valeur historique exigeant une protection et une sauvegarde non seulement aujourd’hui, mais aussi pour les générations à venir.
C’est en ce sens que 22 nouveaux sites ont été ajoutés à la liste en cette année 2022. Il s’agit de lieux souvent apparus dans des films comme décors ou lieux de tournage, ou d’endroits dédiés à la création cinématographique. Cette dernière catégorie regroupe des sites de différentes natures, comme le musée Ingmar Bergman sur l’Île de Fårö (Suède) consacré à la mémoire, ou le Moulin d’Andé en France, refuge pour les artistes en quête d’inspiration devenu centre artistique et culturel renommé.
Parmi les nouveaux sites greffés à la liste initiale figure le célèbre studio Babelsberg en Allemagne, lieu de tournage du célèbre Nosferatu (F.W. Murnau, 1922) passé ensuite entre les mains du Ministère de la propagande nazie, avant de devenir à nouveau un studio emblématique utilisé par Quentin Tarantino pour Inglourious Basterds (2009), par exemple.
Les 22 nouveaux Trésors de la culture cinématographique européenne mettent en avant le continent dans son entièreté, d’une frontière à l’autre, traversant mers et montagnes. Des plages de Sète en France, adulées par la regrettée Agnès Varda, au quartier Stradun de Dubrovnik en Croatie, inspiration de nombreux cinéastes comme Rian Johnson dans Star Wars : The Last Jedi (2017), en passant par la Tour Blanche de Thessalonique en Grèce, la liste s’est fortement enrichie pour tenter de refléter au mieux la diversité du cinéma européen.
Néanmoins, cette volonté d’héritage culturel et de rassemblement européen autour de l’art interroge sur la définition du cinéma européen, sa nature, et son identité.
Le cinéma européen, un savoir-faire commun aux multiples facettes
Amplement connu à travers le monde grâce à des cinéastes et manifestations vedettes, tels que les festivals de La Berlinale, de Cannes, de la Biennale de Venise ou encore de Saint-Sébastien, le cinéma européen est régulièrement confronté à la notion hollywoodienne du cinéma. Toutefois, il semblerait que les différences ne soient pas tellement géographiques, mais qu’elles aient plutôt trait à la nature des œuvres. Le cinéma européen deviendrait alors un genre à part entière.
Cependant, et malgré la multiplication des coproductions européennes, il semble bien difficile de définir l’identité du cinéma européen. À l’image du Vieux continent, sa nature ne serait pas unique, mais plutôt composée d’une mosaïque d’identités nationales sous l’égide d’un sentiment continental, entre histoire, philosophie, littérature et esthétisme.
Dès lors, s’il paraît complexe de trouver une définition commune au cinéma européen, c’est certainement parce que sa diversité fait sa richesse.
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