Les élections européennes de 2024 - un choix extrême

, par Bild/Güz, Flora Carter, Frederik Säuberlich, Maëva Schol , Yasmine Yassin

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Les élections européennes de 2024 - un choix extrême
Quel impact les résultats des élections auront-ils sur certains domaines, par exemple sur la future politique de sécurité et de défense de l’Union européenne ? Photo : Pixabay | Pexels | Pixabay Content License

« Le prix que les bonnes personnes payent pour leurs indifférences vis-à-vis des affaires publiques est le fait d’être dirigé par des mauvais. », c’est sur les mots de Platon que les Européens ont « utilisé leurs voix » lors des élections du Parlement européen en 2024. Nous rappelons l’importance de voter afin de se sentir acteur.rice engagé.e au sein de cette grande structure qu’est l’Union européenne.

Bilan du mandat 2019 – 2024

La législature 2019 – 2024 s’est faite sous la direction d’Ursula von der Leyen en tant que Présidente de la Commission européenne, David Sassoli suivi en 2022 par Roberta Metsola à la Présidence du Parlement européen, Charles Michel en tant que Président du Conseil de européen et enfin Josep Borell en tant qu’Haut Représentant des Affaires étrangères (SEAE).

L’opinion publique du côté de la France est assez divisée sur le bilan de cette législature. Certains supposent que le bilan est positif en tenant compte des crises qu’a traversé l’Union européenne telles que le Brexit, la Covid-19, la guerre en Ukraine, le conflit au Moyen-Orient et la (quasi) solidarité des États membres. Quel avenir nous cache la nouvelle législature 2024 - 2029 ? Quels seront les enjeux que le vieux continent traversera suite au virage à droite post élections européennes ?

Ce qu’indiquent les enquêtes

Selon les prévisions d’Ipsos du 15 mars 2024, le PPE resterait la force parlementaire la plus importante et obtiendrait 177 sièges. Le groupe devrait suivre l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates, qui perdrait trois sièges et en obtiendrait 136. Les libéraux arriveraient en troisième position avec 85 sièges, mais devraient accuser une perte de 17 sièges. Le groupe Identité et démocratie pourrait en revanche enregistrer une forte augmentation de 32 sièges. Avec 81 sièges, il serait ainsi la quatrième force au Parlement européen. Les Conservateurs et Réformistes (ECR) devraient obtenir 76 sièges lors de ces élections, contre 69 en 2019. Les non-inscrits en obtiendraient 68. Les Verts enregistreraient une perte de 16 sièges. Ils n’obtiendraient probablement que 55 sièges lors de ces élections et seraient ainsi la deuxième force la plus faible au Parlement européen. La gauche fermerait la marche avec 42 sièges, malgré une augmentation de cinq sièges.

Résultats des élections

Le PPE a finalement obtenu 184 sièges, a fièrement annoncé Ursula von der Leyen aux côtés de Manfred Weber. Comme prévu, le parti populaire européen a obtenu le plus grand nombre de sièges. Le S&D suit à une grande distance avec 139 sièges. La troisième force est le groupe Renew Europe avec 79 sièges, suivi de près par l’ECR avec 73 sièges, obtenant trois places de moins que selon les sondages. Le parti ID a quant à lui obtenu 58 voix. Il est suivi par les nouveaux députés européens qui n’appartenaient jusqu’à présent à aucun groupe politique. Ces nouveaux membres sont un total de 54. En queue de peloton, on trouve les Verts avec 52 sièges, les non-inscrits avec 45 sièges et la gauche avec 36 sièges au Parlement. Dans l’ensemble, le PPE et le S&D ont obtenu légèrement plus de places que prévu, tandis que l’ID et les non-inscrits ont eu un résultat nettement plus faible qu’annoncé.

Politique de défense franco-allemande

Ces élections semblent donc centrales pour l’avenir de l’Union européenne. En effet, les partis arrivés en tête peuvent impacter grandement les politiques du continent, comme par exemple en matière de sécurité et d’armement face à la guerre d’invasion russe en Ukraine. Le couple franco-allemand, qui possède le plus grand nombre de députés au sein du parlement européen, sera le point de repère. En se concentrant sur les partis arrivés en tête lors des élections, quelles pourraient être la prochaine direction du Parlement dans le cadre de la guerre en Ukraine ?

Depuis février 2022, Berlin a alloué plus de 27.8 milliards d’euros de soutien à Kiev. En janvier 2024, l’Allemagne, ainsi que la France et la Pologne, se sont engagées à accroître la production de l’armement en créant une « coalition de capacités » et dans le but de de fournir davantage d’armes à l’Ukraine. En Allemagne, la CDU-CSU prône une politique de solidarité en matière d’armement et de défense avec l’Ukraine. Cette alliance des partis chrétiens démocrates et socialistes allemands souhaite depuis le début de la guerre renforcer cette aide en encourageant le gouvernement à livrer davantage d’armes, d’avions, de chars et de missiles à Kiev.

Suite à la victoire du CDU-CSU aux élections européennes, il est à supposer que le nombre de députés de ces partis fera pencher la balance en faveur d’une aide plus importante à l’Ukraine, voire d’une intégration favorisée.

Depuis février 2022, ce sont des centaines de missiles et de blindés que Paris a livré à Kiev. Le montant total des équipements militaires avoisine ainsi une valeur de plus de 3 milliards d’euros.

En France, c’est le Rassemblement National (RN) mené par Jordan Bardella qui est arrivé en tête des élections. En mars 2024, ce parti d’extrême droite ne s’exprimait pas encore quant au soutien souhaité de la France envers l’Ukraine. Depuis le début de la guerre, il a a oscillé entre condamnation de l’offensive russe, et position ambiguë sur la livraison des armes à Kiev. Accusé de connivence avec le gouvernement de Vladimir Poutine et suspecté d’avoir repris les termes du Kremlin concernant l’Ukraine, le RN s’est fait plus que discret lors de cette campagne européenne sur sa position face à la guerre. Étant désormais le premier parti français au Parlement européen avec 31% des suffrages, il est à supposer que sa position sur le conflit pèse davantage sur les décisions nationales.

Futures coalitions dans l’UE

C’est le PPE qui sort gagnant des élections du Parlement européen. La poursuite de la coalition avec les sociaux-démocrates (S&D) et le groupe Renew devrait être possible, malgré les pertes significatives de sièges pour le groupe Renew.

Toutefois, des coalitions du PPE avec des indépendant.e.s de la droite et du centre ou avec les Fratelli d’Italia de Melloni sont également envisageables.

À l’avenir, il serait donc possible d’obtenir des majorités avec des partis du centre, malgré la crainte d’un glissement vers la droite extrême.

Des citoyens français ont été interrogés lors du séminaire de suivi des élections européennes à Bruxelles. Selon ces dernièrs, l’Europe devrait être plus sociale, unie, indépendante des États Unis, et capable de s’affirmer face aux conflits menaçant sa stabilité et prospérité. Au cours du séminaire, il a été possible d’observer les inquiétudes des citoyens européens, à l’aide d’entretiens, face à la montée de l’extrême droite en Europe.

L’annonce des résultats, le soir du 9 juin, a confirmé les doutes des citoyens concernant une montée sans précédents des partis nationalistes avec environ 16% du côté de l’AfD allemand contre 30% du parti du Rassemblement National en France (RN). Le discours du Président français Emmanuel Macron annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale suite à la défaite de son parti face à son opposant de l’extrême droite, a ainsi plongé les Français dans un chaos politique pour les prochaines semaines.

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