Les jeunes vont-ils aller voter, et qui en majorité ? Les résultats du sondage IFOP

, par Léa Schmieden, Les Jeunes Européens - France

Les jeunes vont-ils aller voter, et qui en majorité ? Les résultats du sondage IFOP

Le 16 mars dernier, le sondage “Les jeunes et les élections européennes 2024” a été révélé par l’IFOP, mené en collaboration avec Les Jeunes Européens - France, l’Anacej et Animafac. Ce sondage, réalisé auprès d’un échantillon de 1 506 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 à 25 ans, nous en dit plus sur les intentions de votes de la jeunesse, mais aussi sur les déterminants du vote à ces élections, les facteurs internes et sociétaux l’influençant ainsi que le niveau d’information des répondants à propos de l’Europe et des élections.

Intention de vote : Une participation à accroître pour contrer l’extrême droite

Le chiffre rouge de cette enquête se trouve bien dans les intentions de vote : 32% des personnes de 18 à 25 ans interrogées indiquent qu’il est le plus probable que leur vote soit en faveur de la liste du Rassemblement National de Jordan Bardella. Dans ce classement, se trouve en deuxième position la liste de la France insoumise (indiquée à 17%), suivie des écologistes (9%), du Parti socialiste et de Place Publique (8%). Les Républicains devancent de peu Renew avec 6,5% des intentions de vote.

Des réponses à relativiser à hauteur de 34%, le pourcentage de répondants pouvant encore changer d’avis selon l’enquête.

Outre les intentions de vote, un autre chiffre marquant est à souligner, celui de l’indice de participation pour ces élections : il est estimé à 30% pour 70% d’abstention.

En effet, si la mobilisation semble s’améliorer, elle reste minoritaire face à l’abstention estimée. Et la première raison évoquée pour justifier cette abstention est le fait que le ou la répondant.e sera en weekend, congé ou déplacement. Une barrière pouvant facilement être levée par la démarche de procuration, possible pour les élections européennes.

Quand aux motivations du vote, elles expriment en majorité un attachement aux enjeux nationaux poussant les votants à l’isoloir, mais aussi des pourcentage à peu près égaux de jeunes allant voter pour exprimer un accord ou désaccord quant à la politique de l’Union européenne, ou allant voter sur d’autres critères que la politique de l’Union européenne. Un résultat intéressant mettant en lumière l’utilité démocratique du vote : celui-ci reste un outil utilisé par les jeunes pour revendiquer leurs visions et les évolutions souhaitées pour le projet européen.

En somme, nous constatons des progrès par rapport à 2019 en termes de mobilisation, mais nous pouvons encore mieux faire, l’abstention restant majoritaire. Mais ce sondage est là pour faire réagir, les résultats peuvent encore changer !

L’information sur les élections européennes : Une majorité de jeunes avertis

En termes d’informations, des résultats positifs se dégagent de ce sondage : 80% des jeunes interrogés avaient connaissance de la tenue des élections européennes cette année, dont 62% avaient connaissance du mois précis du scrutin. De plus, la moitié des jeunes interrogés s’intéressent “beaucoup ou assez” à la campagne électorale.

C’est via la télévision en majorité que les interrogés déclarent principalement s’informer à ce sujet (à hauteur de 47%), mais Tik tok et Instagram, ainsi que d’autres grandes plateformes un peu plus bas dans le classement, sont également des canaux fréquents d’informations. Les discussions avec l’entourage (famille, amis) sont également un moyen d’information amplement cité.

Par ailleurs, les 18-25 ans sondés s’informent à 45% avec des médias sans points de vue particuliers, à 32% avec des médias partageant leur point de vue et à 23% avec des médias partageant un autre point de vue que le leur. Ils sont aussi 45% à fact-checker les sources de leurs informations et 40% à douter de la véracité des informations. Ces chiffres sont à interpréter de manière positive : tout d’abord car ils témoignent de l’esprit critique des jeunes quant à l’information et l’importance de la vérification, ou à défaut, de la remise en question. Ensuite car la diversité du type de média consulté traduit dans un premier temps une envie de se renseigner par de l’information pure, des faits objectifs, et dans un deuxième temps par de l’information aux points de vue divers. Cet acte d’information auprès de presse partageant ou non l’opinion des jeunes est le premier pas vers l’implication dans débat public, voire l’engagement probable pour certains d’entre eux. On le constate d’ailleurs dans les réponses à la question de l’expérience d’un engagement collectif au cours de ces deux dernières années : 43% des répondants ont été engagés dans une association (sportive, culturelle, environnementale, etc) en tant que bénévole. Les jeunes ont une voix et des opinions à porter, à toutes les échelles.

Bien sûr, l’environnement et l’entourage reste un facteur d’influence important sur l’acte du vote en lui-même, ainsi que le choix du partis politique.

Les déterminants du vote et place dans la société : ce qui nous pousse à l’isoloir

Outre le niveau d’information au regard des élections européennes, les déterminants constituant les intentions de vote chez la jeunesse sont variés. Le pouvoir d’achat et le coût de la vie sont les premiers éléments pesant dans la balance, suivi de la santé, des facteurs importants pour éviter la précarité. L’écologie et la lutte contre le changement climatique sont en 3ème place, S’ensuivent des sujets s’inscrivant dans les problématiques des jeunes tels que l’emploi, l’éducation et la formation, ou encore le logement ainsi que des sujets politiques principaux comme les questions géopolitiques, la pauvreté, les migrations.

Ces déterminants, pour 28% des interrogés, relèvent de leur propre réflexion, même si l’avis de personnes de leur famille reste déterminant (16% des interrogés le prennent en compte). Enfin, 10% des répondants prennent en compte l’avis d’experts, et 5% prennent en compte l’avis de la société civile, un chiffre qui pourrait être plus conséquent pour favoriser la réflexion critique, ces acteurs spécialisés dans leur domaine de réflexion pouvant fournir des informations plus fiables.

Par ailleurs, parmi le total des jeunes interrogés (ayant prévu de voter ou non), 32% se disent anxieux face à la société française actuelle, et 21% se disent révoltés. Entre l’urgence climatique, les guerres, les conflits politiques ou encore les discours à majorité négatifs pouvant être relayés par les médias, ces résultats ne sont pas étonnants. C’est aussi ce qui peut pousser certaines personnes au désintéressement de la politique : le sondage indique par ailleurs que 15% des répondants sedéclarent “indifférents” face à la société française actuelle.

Jeunes citoyens européens : quelle familiarité avec les institutions ?

Il est plus que pertinent d’interroger la familiarité avec les institutions européennes de cet échantillon de la population française afin de mieux comprendre les résultats précédents.

Tout d’abord, concernant l’Union européenne en général, 51% des jeunes de cet échantillon se trouvent bien ou assez bien informés, et 49% mal ou assez mal informés sur l’Union européenne par les médias. C’est l’une des missions permanente du Taurillon : mieux informer sur l’actualité européenne, et participer à la meilleure formation des journalistes ou étudiants journalistes aux sujets européens, celle-ci étant encore trop faible.

Les chiffres sont également parlants en termes d’informations sur l’UE en général, par l’école, le système scolaire ou les partis politiques : l’information est encore insuffisante pour un projet politique et démocratique au sein duquel nous vivons. De même, la connaissance des institutions européennes reste encore très floue : le Parlement européen reste le plus connu (46% des répondants déclare le connaître, ne serait-ce que de nom), mais pour toutes les institutions, plus de 40% des répondants déclarent connaître leur nom sans savoir précisément de quoi il s’agit.

De plus, le pourcentage de confiance dans les institutions nationales (32%) et locales (24%) est supérieur à celui à la confiance dans les institutions européennes (16%), accentuant l’impression de méconnaissance de ces dernières.

Pourtant, la nécessité de l’échelle européenne pour certains défis semble être consciente, en témoignent les chiffres ci-dessous.

Enfin, un élément pouvant accentuer le niveau de familiarité à l’Europe et ses institutions, mais encore trop peu utilisé et/ou accessible, est celui de l’accès à un ou plusieurs dispositifs européens. Une majorité des interrogés affirment avoir fait un voyage scolaire dans un pays européen durant leur scolarité. En revanche, la tendance s’inverse pour les autres dispositifs comme les échanges internationaux, Erasmus, ou corps européen de solidarité, où une minorité de jeunes en bénéficient encore.

Financé par l’Union européenne. Les points de vue et avis exprimés n’engagent toutefois que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement ceux de l’Union européenne ou de l’Agence exécutive européenne pour l’éducation et la culture (EACEA). Ni l’Union européenne ni l’EACEA ne sauraient en être tenues pour responsables.

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