Un parcours d’excellence
Approuvée par le Parlement européen lors de la séance plénière de Strasbourg le 27 novembre, Maria Luís Albuquerque a été saluée pour son expertise et son expérience. Décrite par le Premier ministre portugais comme une « personnalité de mérite académique, professionnel, politique et civique », elle dispose d’un CV adéquat à sa nouvelle position.
Économiste de formation, diplômée de l’Université Lusíada et titulaire d’une maîtrise de l’Université technique de Lisbonne, Albuquerque a occupé de nombreux postes de haut niveau : professeure d’université, secrétaire d’État au Trésor, ministre d’État et des Finances, et députée au Parlement portugais. Elle a également été membre des conseils d’administration d’institutions financières internationales comme la Banque africaine de développement et le Mécanisme européen de stabilité.
Son expérience dans les secteurs public et privé, notamment avec des entreprises comme Arrow Global et Morgan Stanley, a suscité autant d’admiration que de controverses. Ses missions, notamment concernant la gestion des prêts non performants (dont le remboursement par l’emprunteur est improbable, ou si plus de 90 jours se sont écoulés sans que les tranches prévues aient été versées) et les privatisations, ont néanmoins renforcé sa capacité à naviguer dans des environnements complexes.
Un mandat sous haute surveillance
Lors de son audition début novembre, Albuquerque a dévoilé les grandes lignes de son projet pour l’Union européenne. Elle a d’abord souligné que la stabilité et l’intégrité du système financier européen sont des piliers essentiels pour garantir une économie forte et compétitive. Dans cette optique, elle entend également promouvoir l’innovation et l’inclusion en encourageant une croissance inclusive, la mobilité sociale, et en renforçant le pouvoir des consommateurs.
Parmi ses priorités figure le développement de l’Union de l’épargne et de l’investissement, avec pour objectifs d’harmoniser la supervision transfrontalière et de créer davantage d’opportunités de financement pour les investisseurs.
Enfin, Albuquerque souhaite simplifier la réglementation, notamment pour les PME, en s’alignant sur les positions de son collègue Valdis Dombrovskis, afin de fluidifier les flux de capitaux et de soutenir la compétitivité économique au sein de l’UE. Dans un contexte mondial tendu, marqué par des incertitudes économiques et des tensions géopolitiques avec la Chine notamment, sa mission est de renforcer la résilience du système financier européen tout en soutenant la transition écologique et numérique.
Des critiques et des défis
Sa nomination n’a pas été exempte de critiques. Certaines voix, comme celles de l’organisation Corporate Europe Observatory, ont dénoncé un potentiel conflit d’intérêts en raison de son travail passé dans des entreprises privées liées à des créances irrécouvrables. L’opposition politique portugaise, notamment Catarina Martins, l’a qualifiée d’« agent de la troïka », rappelant son rôle dans les politiques d’austérité imposées au Portugal lors de la crise de la dette souveraine de la zone euro (2010-2012).
Malgré ces controverses, des groupes influents comme l’Association européenne des Fonds et de la Gestion des actifs (EFAMA) estiment que son leadership sera déterminant pour relever les défis climatiques et sociaux de l’Union. Maria van der Heide, responsable de la politique de l’UE chez ShareAction, a souligné que « le secteur financier joue un rôle crucial dans la transition verte. Mme Albuquerque devra s’assurer que les investissements se dirigent vers des activités ayant un impact positif réel. »
Une mission d’avenir
Pour Albuquerque, les cinq prochaines années seront marquées par la nécessité de construire des bases solides pour une économie verte et numérique. Elle devra introduire des produits d’épargne à l’échelle européenne, stimuler les investissements privés, et contribuer à la compétitivité globale de l’Union européenne.
Alors que le climat politique et économique reste instable, sa nomination marque une opportunité pour le Portugal et l’Europe de renforcer leur leadership financier et de garantir un avenir prospère pour leurs citoyens.
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