Passé : de repère stratégique à « honte nationale »
Considérée comme la troisième plus vieille ville au monde après Alep et Jéricho, Matera a été creusée dans la pierre à un endroit stratégique. Au sein de l’actuelle région de la Basilicate, en Italie, elle se situe à quasi-équidistance de la mer Adriatique à l’est et de la mer Ionienne au sud. Durant l’antiquité, elle était au croisement des routes commerciales. C’est pourquoi les habitants du paléolithique avaient commencé à creuser la roche calcaire des montagnes à cet endroit. De simples caves d’abris pour les nomades de la préhistoire, elles sont ensuite devenues de véritables habitations dès l’antiquité. Inscrits au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, ses habitats troglodytes sont connus sous le nom de « Sassi di Matera », littéralement « pierres de Matera ».
Mais en 1952 fut promulguée la loi de Gaspieri qui imposa l’évacuation des sassi en raison de l’insalubrité de la ville et de ses conditions de vie misérables. L’absence d’eau courante et d’évacuation d’eaux usées entretenait la réputation de « honte nationale » dont Matera hérita alors de la part du Premier ministre Alcide de Gaspieri, en 1950.
Photo : Matera 2019, © Lucie-Hélène Pagnat.
Présent : des projets au rayonnement
Grâce à de nombreux projets menés par de talentueux urbanistes, Matera a retrouvé de sa superbe, en s’imposant comme la « Jérusalem de l’ouest ». Désormais aménagée (égout, eau, électricité, etc.), la capitale européenne de la culture 2019 a conservé ses pures façades en calcaire.
« Open future », tel est le slogan choisi par la ville pour mener à bien une année riche en événements culturels de toute sorte ! Je n’arrivais pas à concevoir comment une ville pouvait incarner un tel slogan, jusqu’à ce que j’arrive par le haut du Sasso Barisano, et que je découvre une ville antiquement vivante. Une ville où l’autochtone a envie de partager avec vous la visite de sa caverneuse habitation, ou encore de vous faire goûter la focaccia de sa grand-mère. Des spectacles animent les grandes places aux abords de l’église Saint-Jean ou encore de la duomo.
En discutant avec une gardienne, un restaurateur ou encore un musicien du coin, je me rends compte que chacun contribue à sa manière à ouvrir Matera sur le futur, tout en défendant très fièrement l’authenticité de leur sassi. La difficulté de vivre dans cette ville aux milliers de marches a soudé les habitants dans leur quotidien. Le fléau immobilier contribue en revanche à faire sacrément augmenter le prix du mètre carré dans ces sassi devenus de véritables luxueux petits logements en raison de l’expérience unique qu’il offre aux voyageurs.
La ville ouvre alors son cœur aux touristes qui, comme moi, s’engouffrent dans les dédales de ruelles d’escaliers qui ne nous emmènent jamais là où l’on espère. Mais c’est pour le mieux quand on arrive par surprise dans l’ancien plus grand réservoir d’eau de la ville, ou encore face à l’église du purgatoire. Par mégarde, j’ai presque manqué de me faire écraser par l’une des huit Aston Martin de James Bond, qui malheureusement n’arrivait quant à lui que la semaine d’après ! #NoTimeToDie
L’antinomique envie d’antiquité et de modernité est parfaitement incarnée par la belle Matera. C’est maintenant à votre tour d’aller la contempler ! #VuEtAdopté #Matera2019 #AVousDyAller
Photo : Matera 2019, © Lucie-Hélène Pagnat.
1. Le 23 septembre 2019 à 09:04, par WANTUCH Christophe En réponse à : Matera : quand une ville renaît de ses grottes
Je suis moi-même tombé amoureux de cette ville au point que j’y vis 6 mois dans l’année. Elle a le même charme et dépaysement que Venise ou Londres. Elle ne ressemble aucune autre ville. En dehors des fameux sassi, le maire actuel a su profiter du statut de Capitale Européenne de la Culture 2019 pour y insuffler une vie artistique et culturelle intense. Les touristes lui rendent bien par une présence sans cesse accrue. Cette ville vie aussi par ses habitants : elle est passée de 40 000 à 63 000 habitants en quelques années et sans problèmes structurels. Très peu de criminalités, très peu des problèmes rencontrés dans les villes de notre métropole. Forza Matera... et merci pour votre article, bien documenté et bien résumé.
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