Née dans une famille d’origine juive assimilée à Paris en 1909, Simone Weil vivra toute sa vie en solidarité avec ceux qui souffraient. Philosophe de formation, sa pensée allait par-delà les frontières traditionnelles. Elle n’était cependant pas une intellectuelle enfermée dans sa tour d’ivoire. En fait, ses idées les plus percutantes étaient le produit de temps passé dans les usines, dans les fermes et sur les champs de bataille. En 1936, son activisme militant en faveur de la cause sociale la mena en Espagne, où elle rejoignit l’anarchiste colonne Durutti à Saragosse. En 1937, après une visite en Italie, la vie de Simone Weil fut chamboulée par quelques expériences mystiques, et elle se convertit finalement au christianisme.
Weil était exceptionnellement précoce, même lors de ses jeunes années. Elle apprit le grec ancien dès l’âge de 12 ans et, peu après, le sanskrit de manière autodidacte. Plus tard, elle rejoignit l’École normale supérieure, finissant à la première place pour ses examens de « Logique et de Philosophie », devant Simone de Beauvoir. Bien qu’elle eût des sympathies communistes, elle fut souvent en désaccord avec Léon Trotsky et elle fit partie des rares personnes capables de s’opposer à lui lors d’un débat. Débraillée, intransigeante et farouchement indépendante, Weil rejetait l’Église, les partis politiques, et toute relation romantique et sexuelle, ce qui lui valut le surnom de « la Martienne ».
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata, elle fuit au Royaume-Uni, où elle continua à travailler avec la résistance française pour défaire le pouvoir nazi en Europe. Elle refusait cependant de manger plus que la ration imposée aux habitants de la France occupée. Accéléré par la malnutrition et le surmenage, le déclin de sa santé fut rapide, et elle mourut de la tuberculose en 1946. Weil devint plus tard le modèle de l’homme révolté d’Albert Camus. Elle laisse le souvenir en France et dans le monde d’une des figures intellectuelles les plus importantes du XXe siècle.
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