Notre rêve politique européen

Texte rédigé par des élèves de 1ère de Rennes

, par Lycée Chateaubriand (Rennes)

Notre rêve politique européen
Image : PxFuel

Des élèves de 1ères au lycée Chateaubriand de Rennes se sont penchés sur le futur politique du continent. Voici leur texte :

L’Union européenne est le fruit d’une longue histoire partagée par les peuples de ce continent. Issue d’une volonté de paix, mais aussi d’un intérêt économique certain, elle peut paraître lointaine, ses dirigeants embourbés dans la bureaucratie bruxelloise. Alors que l’intérêt du grand public pour les politiques européennes diminue de plus en plus, il semble urgent de se pencher sur la question de l’avenir de cette institution. Aujourd’hui, trois possibilités prédominent :

 L’Europe des Nations qui conserverait la souveraineté des États membres qui seraient les décisionnaires de la politique européenne via leurs ministres, représentants du peuple européen par suffrage indirect. L’unanimité serait requise pour chaque décision prise.

 L’Europe fédérale qui partagerait les pouvoirs entre un État fédéral et les différents États fédérés. Le pouvoir décisionnaire serait alors partagé à plusieurs niveaux. Les régions qui existent déjà dans l’UE prendraient les décisions qui les concernent, tandis que l’État fédéral prendrait les décisions communes (à l’instar des directives européennes) par une majorité qualifiée (plus de 55% des voix requises) dans un principe de subsidiarité (la responsabilité d’une action revient à l’organe public le plus proche de ceux concernés). Les citoyens européens exerceraient donc leur souveraineté de manière directe en élisant un Parlement européen mais aussi de manière indirecte par un Conseil européen.

 La République européenne, qui abolirait la souveraineté nationale pour forger un État indépendant européen. Les citoyens européens éliraient au suffrage direct les membres du Parlement européen ainsi que le président de cette République. Chaque région élirait ses représentants au Sénat.

Nous pensons que le futur de l’Europe doit continuer sur l’idée d’une Union européenne fédérale. À mi-chemin entre l’Europe des Nations et la République européenne, il nous semble important de garder une part de souveraineté nationale, qui néanmoins ne doit pas influencer directement les décisions concernant l’ensemble de l’Union. En effet les ministres représentants cette souveraineté sont choisis de manière très indirecte et peuvent ne pas représenter les intérêts du peuple à cette échelle plus large. De plus, la souveraineté nationale au niveau européen s’accompagne d’un droit de véto pour chaque décision économique et territoriale que prend le Conseil Européen, ce qui peut paralyser la politique menée par l’Union, chaque action devant être approuvée à l’unanimité.

L’Union fédérale résoudrait ce problème car seule la majorité qualifiée (55%) des représentants directement élus au suffrage universel suffirait pour agir. Ce système fonctionnerait donc de manière tout aussi démocratique et serait plus représentatif des envies des citoyens européens, le manque d’harmonie entre le peuple et leurs représentants étant souvent reproché à l’Union européenne, ce qui entraîne un désintéressement vis-à-vis de la politique européenne, de même que le manque de transparence, problème pouvant aussi être résolu par une Europe plus fédérale.

L’opacité que produit le lourd système administratif est un frein aux volontés démocratiques européennes, c’est pourquoi il nous semble nécessaire de changer ce système en adoptant le principe de subsidiarité. Il découlerait de la mise en place de cette Europe fédérale et permettrait aux administrés de s’affranchir d’une administration trop complexe et difficile à cerner. Cela autoriserait également une plus grande flexibilité et une plus grande capacité à corriger les éventuels problèmes car la fragmentation des responsabilités permettrait d’isoler et de remplacer plus facilement le système défaillant. La fragmentation des responsabilités et du pouvoir décisionnaire permettrait de conserver un équilibre nécessaire entre souveraineté nationale et européenne, permis par une Europe fédérale.

Il serait alors plus simple d’enseigner son fonctionnement et une plus large majorité de personnes se sentiront concernée par des décisions notamment prises au niveau local. De plus, il faudrait instaurer une meilleure communication entre les citoyens et les projets organisés ou financés par l’Union européenne. Prenons l’exemple de la seconde ligne du métro de Rennes. L’Union européenne finance 50% du budget s’élevant à la modeste somme de 1.114 milliard d’euros. Néanmoins, pour obtenir cette information, il est nécessaire de se rendre sur des sites spécialisés peu consultés par le grand public. Nous pensons qu’une indication comme par exemple “Soutenu par l’Union européenne” à but informatif sur les nombreux panneaux de construction serait important et significatif si appliqué systématiquement.

Le système fédéral n’est pas exempt de défauts cependant. Le système d’”Europe des nations” est encore aujourd’hui défendu par de nombreux citoyens et hommes politiques bien que sa figure de proue, Charles de Gaulle (président de la France de 1963 à 1968) soit décédé. Ce système défend une indépendance et une souveraineté nationales, qui seraient forcément atténuées par une Europe fédérale. En effet, celle-ci est notamment composée d’une institution supranationale forte et concurrencerait même dans le cœur des citoyens électeur le gouvernement national puisque les représentants européens mentionnés auparavant seraient élus au suffrage universel et auraient autant voire plus de pouvoirs d’agir que les membres du gouvernement national. Ces défenseurs pourraient arguer du manque d’autorité déléguée aux États fédérés européens tandis que les pro-républicains européens voudraient sans doute s’affranchir de l’identité nationale le plus rapidement possible. On peut également s’interroger si la mise en place d’un tel système serait légitime. Le traité constitutionnel de 2004 qui rapprochait l’Europe d’un système plus fédéral en la transformant en une confédération a été rejeté par référendum par les peuples français et néerlandais ce qui montre l’envie de conserver une forte souveraineté nationale.

À très long terme, la République européenne dans laquelle la souveraineté nationale serait définitivement abolie au profit d’une souveraineté européenne semble être l’objectif vers lequel tendre. Effectivement, une République Européenne permettrait au peuple d’exercer pleinement sa souveraineté. Cependant, il nous paraît impossible d’effectuer une transition aussi brutale de l’Europe actuelle vers une République européenne sans passer par une Europe fédérale plus transparente et légitime, en raison du fort attachement par le peuple à l’identité nationale. En effet, qui de nos jours répond “Je suis européen” à la question “D’où viens-tu ?”. Cette transition permettrait en outre de régler les questions concernant la langue officielle de cette hypothétique République Européenne par exemple. L’identité nationale sera certainement d’abord préservée lors de la mise en place pour finir vraisemblablement par s’effacer au cours du temps.

Texte écrit par Alan Laisné, Samuel Arhur, Antoine Heitzmann

Vos commentaires
  • Le 24 octobre 2020 à 16:42, par Pierre Rossi En réponse à : Notre rêve politique européen

    Les identités nationales ne s’effaceront pas, pas plus que les identités locales se sont effacées lors de la montée des états nationaux. Aux différentes identités existantes sera greffée une identité européenne plus forte.

    Charles de Gaulle a été président de la France entre 1959 et 1969, élu au suffrage universel en 1965.

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