Nova Gorica-Gorizia : la culture européenne face à la montée de l’euroscepticisme

, par Alice Rossi, Le Courrier d’Europe

Nova Gorica-Gorizia : la culture européenne face à la montée de l'euroscepticisme
©Wikimedia Commons

Chaque année depuis 1985, l’Union européenne désigne une capitale européenne de la culture. Ce projet, dont le but est de promouvoir l’esprit d’unité européenne, a pris de l’ampleur au fil du temps. Pour sa quarantième édition, le choix s’est porté sur Chemnitz en Allemagne et une ville transfrontalière entre la Slovénie et l’Italie : une décision significative face à la montée du nationalisme et de l’euroscepticisme.

Qu’est-ce que la capitale européenne de la culture ?

C’est Melina Mercouri, ministre grecque de la culture à l’époque, qui lance ce projet en 1985. Selon elle, il est important de promouvoir une culture européenne au sein des États membres de l’Union. Athènes est alors désignée comme première « ville européenne de la culture » cette année-là et depuis, le projet n’a fait que s’amplifier. En 2004, la Commission publie un rapport témoignant des avantages dont les villes lauréates ont bénéficié. C’est ainsi qu’en 2019, de nombreux titres ont mis en avant Matera, une ville italienne,en la qualifiant de « honte nationale réformée ».

Aujourd’hui, le projet reste essentiellement le même mais depuis l’an 2000, deux capitales de la culture sont élues chaque année au lieu d’une. Il a même été décidé en 2021 que tous les trois ans s’ajouterait une capitale européenne de la culture d’un pays européen non membre de l’UE, ce qui illustre parfaitement l’idée initiale de Melina Mercouri : une meilleure intégration basée sur la promotion d’une culture européenne.

Le choix des capitales est fait en amont et elles sont désignées officiellement quatre ans à l’avance. Pendant ces quatre années de préparation, elles sont suivies par un jury qui décide ou non de lui accorder le « Prix Melina Mercouri », un financement de 1,5 million d’euros.

GO ! 2025

Cette année, pour la première fois en quarante ans, c’est une candidature transfrontalière qui a été retenue : Nova Gorica en Slovénie et Gorizia en Italie. Elles se sont toutes deux présentées en ne formant qu’une seule capitale européenne de la culture sous l’intitulé « GO ! 2025 », l’acronyme GO désignant les deux villes. Cette alliance transfrontalière a d’ailleurs obtenu le fameux prix Mercouri qui lui sera décerné en mars de cette année. Le jury a particulièrement salué l’engagement envers les valeurs européennes et le thème du dépassement des frontières. Mija Lorbek, directrice du projet, a annoncé que les fonds obtenus seraient répartis tout au long de l’année pour financer les différents évènements prévus mais également pour les projets patrimoniaux qui se poursuivront au-delà de 2025.

Ce projet transfrontalier se concentre sur quatre thèmes : Guerre et paix, Création de la nouveauté, Contrebandiers et Beaucoup de vert. Ces thématiques seront explorées tout au long de l’année à travers divers événements culturels : concerts, expositions, festivals gastronomiques, etc. La programmation complète est disponible sur le site officiel go2025.eu. Stojan Pelko, directeur du programme, a d’ailleurs déclaré que « cette région peut dire à l’Europe et au monde combien il est difficile de construire la paix après la guerre, et que la seule frontière qui nous concerne est celle de l’avenir, avec la durabilité en son centre […]. Dans une région qui a été marquée par des conflits et des guerres, nous parlons aujourd’hui de paix ». L’affiche principale de l’événement, créée par Lorenzo Mattotti, représente un couple italo-slovène dansant au-dessus de la rivière Soča, élément d’union entre Nova Gorica et Gorizia.

Un symbole particulièrement important

Le coup d’envoi des festivités débutera le 8 février prochain avec une cérémonie d’ouverture intitulée From Station to Station. Cette date est particulièrement significative puisqu’elle marque la Journée de la culture slovène, la mort du poète France Prešeren, considéré comme le plus grand poète slovène, mais également la naissance du poète Giuseppe Ungaretti réputé en Italie pour sa syntaxe particulière. L’année sera ponctuée d’une série d’événements dédiés à la promotion de la culture européenne au-delà des frontières nationales avec, notamment, une « marche pour l’Europe » pendant la première semaine de mai.

Ce programme est une potentielle « piqûre de rappel » très importante pour l’Europe qui traverse une phase difficile. Au-delà du taux d’abstention aux élections européennes de 2024 avoisinant les 50 %, les partis nationalistes ne cessent de gagner du terrain dans les différents États membres. Aujourd’hui, l’extrême droite, famille politique eurosceptique, représente, pour la première fois depuis ses débuts, la moitié des sièges du Parlement européen. L’esprit d’unité qui a façonné la Communauté européenne et l’a fait évoluer en l’Union que nous connaissons aujourd’hui diminue au profit d’idéologies nationalistes.

Néanmoins des initiatives telles que GO ! 2025 rappellent les nombreux avantages qu’apportent la citoyenneté européenne. Le but n’étant pas d’effacer les différentes identités nationales mais bien de rappeler ce que c’est que d’être citoyen européen, produit d’une Union politique, économique et culturelle dont l’objectif premier et principal a toujours été la coopération.

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