Le Taurillon : 2022 sera l’année européenne de la jeunesse. La France compte-t-elle se saisir de cette opportunité durant la PFUE ?
Sarah El Haïry : Depuis le discours sur l’état de l’union de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, c’est très clair : la jeunesse sera une priorité dans toutes les politiques publiques menées. La jeunesse va mailler toute la présidence française du conseil, mais chacun dans son périmètre. La culture, par exemple, s’engage sur des sujets de jeunesse.
Que comptez-vous faire pour faire de cette présidence une présidence tournée vers les jeunes ?
C’est un thème qui nous tient à cœur au sein du Conseil des ministres de la jeunesse : comment faire pour que tous les jeunes au sein de l’Union participent à la vie démocratique européenne. Comment tisse-t-on plus de liens entre les politiques publiques et les jeunes, comment fait-on pour que les politiques publiques soient co-construites avec les jeunes ?
La PFUE est une énorme opportunité et ce sera mon engagement. Nous allons travailler avec les associations de jeunesse et faire en sorte que cette année européenne de la jeunesse soit la leur, qu’ils soient des co-acteurs, des co-partenaires de cette année qui va être très riche. Je pense que plus que jamais on a une opportunité pour que la jeunesse soit au cœur des décisions.
Comment entendez-vous le mettre en œuvre ?
Avec le Forum européen de la jeunesse, je soutiens le développement du Youth Test. C’est un outil qui permet d’analyser les impacts positifs et négatifs sur la jeunesse de n’importe quel texte réglementaire ou législatif. Le modèle français, qui s’appelle la clause d’impact jeunesse, fonctionne et rejoint les objectifs du Youth Test.
Ce sont des projets qui embarquent mon engagement : il faut que les actions soient efficaces, que ce ne soit pas que des mots. L’impact des décisions économiques sur l’emploi des jeunes, l’impact des réglementations sur le logement sur les jeunes... Il faut considérer que la jeunesse est absolument transversale. Le Youth Test permettrait d’orienter les politiques publiques et d’évaluer leur impact.
Quels autres outils la France présentera-t-elle pendant le premier semestre 2022 ?
La France a déjà présenté plusieurs outils : on pousse pour permettre aux jeunes d’intégrer une association dès l’âge de seize ans, développer la démocratie scolaire et créer un parcours de citoyenneté. L’objectif c’est de permettre aux jeunes d’être suffisamment armés pour prendre sa place dans le débat public, une fois en âge de voter.
Les civic tech, ces nouvelles technologies autour de l’engagement, sont de vraies opportunités pour permettre aux jeunes les plus éloignés, comme les jeunes ruraux ou les jeunes ultramarins, d’être acteurs des politiques publiques. Avec Clément Beaune on a aussi lancé la grande consultation « Paroles aux jeunes » sur Make.org, et on fait des live ou d’autres formats qui rendent plus accessibles les politiques publiques.
La consultation a été lancée dans le cadre de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, spécifiquement pour les jeunes. Les participants ont dégagé cinq priorités pour rendre l’Europe plus démocratique. Comptez-vous reprendre leurs travaux ?
Totalement, car les cinq sujets [le développement du ferroviaire, la protection de la biodiversité, les pratiques commerciales responsables, la lutte contre l’évasion et l’optimisation fiscales, les droits des femmes] sont structurants pour notre société. L’égalité entre les femmes et les hommes fait partie des valeurs de l’Union européenne. Sur les questions fiscales, le ministre de l’économie Bruno Le Maire est très engagé, le travail qu’il fait sur les grandes plateformes numériques en est un exemple. Toute l’année prochaine va être sur le thème de « comment faire une Europe plus durable ? ». Le président a un engagement très fort avec l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 au niveau européen, la création d’une banque du climat pour mobiliser plus de 100 milliards d’euros pour favoriser la transition environnementale. Là plus que jamais on y arrivera ! Par exemple, on parle de taxe carbone aux frontières pour lutter contre le dumping social depuis Jacques Chirac et là c’est maintenant que ça se passe.
Pour s’engager au niveau européen, il faut aussi que les jeunes aient une conscience européenne. Quelles initiatives allez-vous développer pour permettre aux jeunes de se sentir européen ?
Mon objectif va être de déployer et démocratiser l’ensemble des mobilités dès le plus jeune âge. Cela commence avec des jumelages, des classes de découverte, du tutorat ou du mentorat, jusqu’à des aventures européennes de mobilité comme le volontariat, le service civique, ou Erasmus+ avec des séjours parfois plus courts ou pour des profils d’apprentis. Pour cela, il faut remobiliser nos collègues européens car la présidence impulse, mais surtout elle coordonne sur les volontariats internationaux en entreprise ou en administration avec un focus très européen.
Comment voulez-vous développer cette mobilité ?
Il y a le projet ALMA qui aide les jeunes à trouver une expérience professionnelle de courte durée aux jeunes dans un autre pays de l’UE, et le projet du service civique européen. Nous voulons nous appuyer sur le traité du Quirinal signé fin novembre pour développer avec l’Italie ce qu’on fait déjà avec l’Office franco-allemand de la jeunesse (OFAJ). Nous voulons donner plus de mobilité dans le cadre du service civique, déployer plus massivement le corps européen de solidarité, ainsi que le soutien financier au coût du train, avec DiscoverEU.
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