Portugal : le casse-tête gouvernemental de Luis Montenegro

, par Mathilde Rose

Portugal : le casse-tête gouvernemental de Luis Montenegro
Luis Montenegro, fraichement nommé Premier ministre du Portugal qui a choisi Bruxelles pour le premier voyage à l’étranger de son mandat. © Parlement européen

En novembre 2023, Antonio Costa, Premier ministre portugais depuis 2015, annonçait sa démission à la suite d’ un scandale de corruption. Le dimanche 10 mars, les citoyens portugais se sont rendus aux urnes en vu de renouveler l’Assemblée de la République, chambre monocaméral du Parlement portugais.

De nouvelles élections législatives se sont tenues au Portugal le dimanche 10 mars, avec une participation en hausse. 66,2% des Portugais se sont rendus aux urnes, tandis qu’aux dernières élections 50% des électeurs s’étaient abstenus. Une fois les votes comptabilisés, aucune majorité claire ne se dessinait.

Des résultats serrés

Depuis 8 ans, les socialistes étaient au pouvoir, mais lors des élections législatives anticipées, le Parti socialiste a perdu contre le parti de centre droit. L’Alliance démocratique (PSD) a gagné l’élection avec 30% des voix, tandis que le parti du Premier ministre sortant obtient 29%, soit à peine 2 000 voix d’écart entre les deux partis. Suite à ces résultats, l’Alliance démocratique obtient 79 sièges à l’Assemblée de la République, le Parti socialiste, quant à lui, 77 sièges. La différence est faible mais entre 2022 et ces nouvelles élections le Parti socialiste a perdu 40 sièges au parlement.

A la suite de ces élections, aucun des deux partis n’a obtenu la majorité absolue, pour laquelle 116 sièges sont nécessaires. De plus, les partis libéraux ont obtenu des scores trop faibles pour permettre à l’Alliance démocratique de former une coalition. De son côté, Pedro Nuno Santos, qui assure la suite d’Antonio Costa à la tête du Parti socialiste, a annoncé qu’il n’empêcherait pas la formation d’un gouvernement minoritaire, toutefois son parti sera dans l’opposition.

L’absence de majorité absolue et l’impossibilité de créer une coalition risque d’entraîner de l’instabilité au sein du pays mais aussi des difficultés pour faire voter des lois ou le budget. Pour faciliter certaines décisions, le Président de la République pourra intervenir et jouer le rôle d’arbitre. Malgré ce parlement très fragmenté, celui-ci ne pourra être dissous pendant les six prochains mois.

Un changement majeur et une poussée de l’extrême droite

Ce qui est notable dans cette élection, ce n’est pas tant la victoire du parti de centre droit. Mais, la fin de l’ère socialiste dans un pays européen, qui était le dernier à ne pas avoir un gouvernement issu de la droite sur le vieux continent. Il est également important d’observer la progression du parti d’extrême droite, qui a plus que doublé son score en deux ans. Ce changement majeur a lieu alors que le Portugal s’apprête à commémorer la Révolution des œillets ainsi que le 50è anniversaire de la fin de la dictature d’extrême droite de Salazar.

Le parti d’extrême droite Chega !, qui signifie Assez ! en portugais, est un parti nationaliste qui tient des discours contre la corruption, l’immigration et les minorités. Le parti a obtenu 48 sièges au élections législatives, soit 36 sièges de plus qu’aux précédentes élections. Le chef de file du parti a proposé de participer au gouvernement pour la stabilité du Portugal. Luis Montenegro, nommé Premier ministre par le Président de la République et leader de l’Alliance démocratique qui a remporté les élections, a annoncé son refus catégorique de mener une coalition avec Chega !.

Un enjeu de taille

A la suite des résultats de Chega !, le Rassemblement national en France et l’AfD en Allemagne ont félicité André Ventura, le chef du parti portugais d’extrême droit. Face à la progression de l’extrême droite au Portugal des questions se posent sur la progression du populisme en Europe et ses conséquences sur les élections européennes en juin prochain. Si l’Assemblée portugais ne sera pas dissoute dans les six prochains mois, les Portugais seront de nouveaux appelés aux urnes, à l’image des autres Européens, pour élire leurs représentants au Parlement européen.

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