Un acte d’accusation qui pèche par omissions
Difficile de contredire le ministère public, c’est vrai, mais n’aurait-il oublié personne dans son acte d’accusation rédigé contre les seuls leaders politiques de l’opinion ? Comme si l’action politique était exclusivement l’affaire des gouvernants, comme si la « plebs » citoyenne était irrémédiablement contrainte à se taire ? Quand on sait le taux d’abstention à des élections locales, comme en France récemment, on comprend que cette « plebs » a déjà, au plan national, intériorisé sa marginalisation ! Et ce serait faire preuve de naïveté que de croire que le scrutin européen pourrait susciter, d’un claquement de doigt, davantage de motivations et donc de participation ?
L’urgence de nouveaux prophètes…
Pour susciter des vocations, pour rendre enthousiastes, pour construire une collectivité, jamais on ne remplacera les prophètes ! Dans nos sociétés, c’est vrai, le mot fait aujourd’hui figure d’épouvantail. Ne comptons donc pas sur nos mandataires politiques pour être les prophètes de l’idée européenne ! Point de souffle chez eux, la gestion suffira, de ses intérêts d’abord, et à court terme surtout, telle est l’excellence électorale ! On lui a donc substitué autre chose, plus dans l’air du temps, entièrement mobilisé par le « management » d’inspiration anglo-saxonne : le « coaching ». Partout, dans les clubs sportifs, dans les directions R.H. de nos entreprises, dans la guidance psycho-pédagogique…, il n’est plus question que de « coaching » ! Partout, sauf dans la vie politique ! Et moins encore quand il s’agit d’une plus large échelle, comme si les neurones de nos élus s’épuisaient aussi à concevoir un espace élargi aux dimensions des nécessités de demain.
…mais les originaux sont toujours à préférer aux copies !
Revenons donc aux prophètes de la conscience européenne, pour en faire des « coaches ». Nul doute à ce sujet : DE ROUGEMONT fait partie de ceux-là. Il ne parle pas d’abord aux élus du peuple, il s’adresse à chacune et à chacun d’entre nous et ses propos sont toujours actuels, jusque dans le confinement de l’isoloir : « La décadence d’une société commence quand l’homme se demande : Que va-t-il arriver ? au lieu de se demander « Que puis-je faire ? A ces deux questions, curieusement, il n’est qu’une réponse possible et c’est : Toi-même ! Car il arrivera ce que nous sommes… » [1] .
Il y va en effet de l’Europe comme de nos mairies et de nos pays : tous ils seront (en termes de richesses, en termes d’emplois, en, termes de notoriété…) ce que nous aurons voulu qu’ils soient. Par nos frilosités, par nos peurs, par nos égoïsmes, par les ambitions qui sont les nôtres pour nos enfants, par la fierté de partager des valeurs communes, par une vision partagée de l’avenir…
Une chose est sûre : il n’est jamais bon en démocratie, qu’elle soit locale, régionale, nationale ou européenne, de se défausser de sa responsabilité citoyenne sur la seule classe politique. La mémoire de la première guerre mondiale devrait même nous inviter à la plus grande prudence en la matière ! DE ROUGEMONT – HESSEL, même combat, donc ! On peut s’indigner…pourvu que l’on s’engage aussi !!!
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