Rentrée en ordre dispersé

, par Eszter Szilagyi

Rentrée en ordre dispersé
Image : Guillermo Descortés / Pixabay

La rentrée scolaire en 2020 est une rentrée irrégulière pour plusieurs raisons. Bien que selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, la réouverture des écoles n’ait pas été directement associée à une croissance signifiante de la transmission de la Covid-19, l’impact de la réouverture des écoles a suscité pendant longtemps un débat vif parmi les États européens puisque le nombre des infections a été multiplié ces dernières semaines.

D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, en définissant des avantages et des inconvénients à la réouverture des écoles il est important de se poser quelques questions concrètes : quelle est la tendance de la maladie dans la région ? L’éducation à distance est -elle efficace ? Les autorités sanitaires locales peuvent-elles réagir rapidement ? Finalement, les ministères concernés sont-ils suffisamment en collaboration avec les autorités de santé publique ?

En observant les États membres, beaucoup ont opté pour une éducation à distance ou hybride, tandis que ceux qui ont choisi la rentrée physique, il s’agit d’une véritable « rédemption ».

On peut certainement parler des besoins conflictuels, d’une part la sécurité et la santé des enfants et leurs familles sont indispensables, d’autre part l’éducation avec une présence physique et le fait de fréquenter l’école est également un besoin primaire pour le développement intellectuel et mental des élèves. De plus, les facteurs socio-économiques ne sont pas plus négligeables : la réouverture des écoles aide les parents à ne pas devoir se diviser entre leur travail et l’enseignement de leur enfant, souvent mineur, qui doit potentiellement rester à la maison. L’école procure également une stabilité pour les populations les plus vulnérables et marginalisées pour qui l’éducation à distance causait de véritables problèmes.

Au programme : chacun pour soi

Les premiers à ouvrir les écoles sont les Allemands, les Danois et les Norvégiens, mais d’autres pays européens suivront leur exemple dans les premières semaines de septembre. Afin de permettre la fréquentation des établissements scolaires et de s’adapter à la nouvelle mode de vie exigée par le virus, les pays européens ont eu recours à différentes stratégies :

Dans certaines régions de l’Allemagne les élèves sont isolés en « cohortes épidémiologiques » afin d’éviter le contact les uns avec les autres. Comme il est interdit de mélanger les groupes, si un enfant tombe malade, il ne faut pas mettre en quarantaine l’intégralité de l’école, mais seulement la cohorte concernée. Néanmoins, les règles différentes d’une région à l’autre inquiètent les parents.

En Espagne les règlementations épidémiques diffèrent également d’une région à l’autre et la menace d’une confusion générale inquiètent les enseignants. Les recommandations gouvernementales incluent les distances de sécurité et l’utilisation des bibliothèques et des cantines en tant que salles de classe pour permettre d’avoir plus d’espace.

Certains gouvernements régionaux souhaitent d’embaucher plus de professeurs pour rendre possible « la division des classes en bulles » et ainsi leur séparation, tandis qu’au nord du pays, les autorités locales proposent aux élèves au-dessus de 14 ans soit de choisir l’éducation en ligne soit de fréquenter l’établissement l’après-midi.

En France les écoles ont rouvert le 1er septembre. Selon la déclaration du Ministère de l’Éducation nationale, les élèves n’ont pas besoin de garder la distance sociale dans les zones où il est impossible de garder la distance, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur. Néanmoins, les élèves plus de 11 ans, ainsi que leurs enseignants, doivent porter des masques à l’intérieur et à l’extérieur partout où la distance minimale d’un mètre ne peut être garantie.

Comme Sophie Cluzel, secrétaire auprès du Premier ministre chargée des personnes handicapées l’affirmait dans Le Journal du dimanche le 6 septembre 2020, afin de garantir l’éducation inclusive pour les personnes handicapées, l’intégralité des enseignants des classes maternelles et celles comprenant des élèves sourds et malentendants recevront bientôt des masques inclusifs, dotés d’une visière au niveau de la bouche qui permettront de lire sur les lèvres et faciliter la compréhension. Ces masques spécifiques seront disponibles pendant l’automne. Parmi les 5 modèles qui circulent, deux ont été fabriqués dans des entreprises qui emploie des personnes handicapées. Néanmoins, l’étanchéité de ces protections au niveau des coutures entre la partie plastifiée transparente et le tissu mais également le risque de buée au niveau de la bouche sont deux obstacles de taille, qu’il s’agira de résoudre ou, à tout le moins, de réduire.

En Italie la rentrée a eu lieu le 14 septembre. Les classes seront plus petites pour permettre les mesures de distance, l’augmentation de l’espace pour de nouvelles salles de classe apparait dès lors nécessaire. D’après l’association des chefs d’établissement, il manque encore 20 000 salles de classe supplémentaires pour un total de 400 000 élèves.

Au Royaume-Uni, les élèves d’une même classe sont censés rester toute la journée au sein de leur classe. Une espèce de ségrégation sanitaire se met ainsi en place : les classes ne peuvent pas rencontrer les autres, les élèves mangent séparément et ont même un endroit désigné dans la cour de l’école.

En Hongrie, où le port de masque et la plupart des précautions sanitaires sont simplement « conseillés » la rentrée a eu lieu le 1er septembre. L’éducation offline est privilégiée et faute de règles centrales, ce sont aux chefs d’établissements que reviennent l’institution de règles locales. Les dernières manifestations en soutien aux universités, l’une des cibles privilégiées du Premier ministre Orbán démontrent déjà le malaise dans les relations entre Budapest et les facultés.

Une rentrée des « incertitudes »

Les Autrichiens utilisent un système unique, le « CoV-Ampel » identique au système de feu de circulation : les villes sont divisées en différents couleurs selon leur degré d’infection et chaque couleur appartient à des règles sanitaires différentes. Ainsi, des mesures sanitaires plus strictes, allant jusqu’à la fermeture, pourront être appliquées dans les établissements classés en rouge.

Beaucoup de pays comme la Croatie proposent l’alternance de l’éducation en introduisant l’enseignement l’après-midi qui permet d’accueillir moins d’élèves à l’école. Les étudiants irlandais quant à eux ont dû attendre la deuxième semaine de septembre pour connaître les résultats de leurs examens finaux, ce qui n’a fait que repousser leur entrée dans le monde du travail qui s’annonce déjà compliquée pour nombre d’entre eux.

Les inquiétudes autour de cette rentrée sont nombreuses : dans beaucoup de cas un manque d’infrastructure empêche la division des classes, les règles sanitaires ne sont pas toujours claires ou cohérentes. Avec l’arrivée de l’automne, comment faire la distinction entre un rhume ordinaire et les symptômes de Covid-19 ? Par conséquent, la fameuse question se pose-t-elle : jusqu’à quand les élèves peuvent-ils aller à l’école ?

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