Résolution aux Nations Unies sur le conflit Israël-Hamas : des États européens divisés

, par Quentin Arnal

Résolution aux Nations Unies sur le conflit Israël-Hamas : des États européens divisés
© Nations Unies Nations Unis, les membres de l’Assemblée générale des Nations unies votent sur une résolution lors d’une session extraordinaire d’urgence sur la situation dans les territoires palestiniens occupés.

Lors de sa dernière réunion, le 27 octobre 2023, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution proposée par la Jordanie, visant à demander une « trêve humanitaire immédiate » dans le conflit Israël-Hamas. Alors que la confusion sur la révision de l’aide européenne à la Palestine persiste, les États membres de l’Union européenne (UE) peinent à trouver une position commune. Le vote n’a fait que révéler à nouveau ces dissensions. Décryptage et analyse du vote, que faut-il comprendre, on vous dit tout !

Le point sur la situation

Depuis l’attaque du 7 octobre 2023 du Hamas contre Israël, les yeux du monde sont rivés sur la bande de Gaza. Dès les premières réactions, les dirigeants occidentaux ont fermement condamné les attaques du Hamas, qualifiées de terroristes. Trois semaines après le début des bombardements, les Israéliens entendent intensifier leur réponse. Depuis ces derniers jours, Tsahal - acronyme de l’armée israélienne - a intensifié les bombardements de la bande de Gaza. Au sol, des incursions ciblées dans les nuits du 25 au 26 et du 27 au 28 octobre dans le nord de Gaza, préparent la grande offensive terrestre annoncée. Les craintes de l’intensification de la réponse militaire israélienne sont donc plus que fondées. Aussi, le manque d’électricité, de nourriture et d’eau, causé par un blocus total, laisse craindre une dégradation encore plus grande de la situation humanitaire à Gaza. Une aide humanitaire a toutefois déjà commencé à se mettre en place. Le 22 octobre un accord entre l’Égypte, les États-Unis et Israël a permis de rouvrir le point de passage de Rafah, permettant à des camions l’acheminement d’une aide humanitaire. Cette aide humanitaire reste fébrile et difficile à mettre en place du fait de la guerre et des bombardements.

Un vote, des divisions

C’est donc dans ce contexte, que la résolution non contraignante de l’Assemblée générale des Nations Unis du 27 octobre exhorte Israël à l’arrêt des combats « immédiat », avec 120 votes pour, 15 contre et 45 abstentions. Parmi les 27 États membres de l’UE, 8 ont voté pour, 4 contre et 15 se sont abstenus.

La majorité des États membres de l’UE se sont donc abstenus. L’Allemagne qui en fait partie a déclaré par le biais de son ministère des Affaires étrangères qu’il n’était pas possible d’approuver la résolution parce qu’elle "ne nomme pas clairement la terreur du Hamas, n’exige pas assez clairement la libération de tous les otages et ne réaffirme pas le droit d’Israël à se défendre". Cette déclaration n’a pas évité à l’Allemagne de s’attirer les foudres de l’ambassadeur israélien en Allemagne, Ron Prosor, qui a déploré le manque de soutien de l’Allemagne. Dans un communiqué, Volker Beck, président de la “Deutsch-Israelische Gesellschaft e.V.”, principale association qui rassemble les amis d’Israël en Allemagne, a soutenu que l’ “Allemagne aurait dû voter non”. Les arguments qu’y ont fait que l’Allemagne, tout comme la Bulgarie, Chypre, le Danemark, l’Estonie, la Finlande, la Grèce, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, les Pays-Bas, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et la Suède se sont abstenus, sont les mêmes avancés par l’Autriche, la Croatie, la Hongrie et la Tchéquie qui eux ont fait le choix de voter contre.

Du reste, la France, la Belgique, l’Espagne, l’Irlande, le Luxembourg, Malte, le Portugal et la Slovénie ont voté en faveur de la résolution. Nicolas de Rivière, représentant permanent de la France aux Nations Unies, a déclaré à l’Assemblée, le 27 octobre, que « rien de saurait justifier la souffrance des civils », tout en annonçant l’envoie par la France d’un nouvel avion humanitaire à destination de la population de Gaza. Le même jour, le président français Emmanuel Macron a appelé à former « une coalition humanitaire pour Gaza ». La France justifie son vote par les arguments suivants : la distinction entre le Hamas et la population civile dans la bande de Gaza ; le droit d’Israël de se défendre, mais dans les limites du droit international qui oblige donc de protéger la population civile ; éviter l’escalade et l’embrasement de toute la région ; privilégier une solutions à deux Etats pour une paix durable.

Une ligne commune difficile à élaborer

Les réactions de l’UE depuis le 7 octobre n’ont pas été claires. Dans les premiers temps du conflit, le 9 octobre, un Commissaire européen, Olivér Várhelyi, avait annoncé de sa propre initiative sur X (anciennement Twitter) la « suspension immédiate » de l’aide européenne aux Palestiniens, l’UE étant le premier fournisseur d’aide au développement de la Palestine. Le 10 octobre, la Commission européenne a démenti les propos du commissaire et a annoncé officiellement un « réexamen urgent » du programme européen d’aide au développement de la Palestine. Des États membres - dont la France, l’Irlande, l’Espagne, le Portugal et le Luxembourg – avaient alors mis en garde contre une telle suspension. En revanche, d’autres États comme l’Autriche et l’Allemagne ont directement suspendu leurs versements. Force est de constater, qu’on retrouve une constellation similaire à travers le vote aux Nations Unis de la résolution du 27 octobre.

Même si l’élaboration d’une ligne commune entre les États membres de l’UE est difficile à adopter, en réponse à ce nouveau conflit asymétrique de haute intensité Israël-Hamas, il n’en demeure pas moins essentiel de rappeler l’importance d’une solution durable et pérenne entre Israël et la Palestine : la solution à deux États, mise en avant par les États membres de l’UE et la communauté internationale. Solution qui semble pourtant bien difficile à atteindre, entre un premier ministre israélien qui fait gonfler l’extrême droite et attise les envies colonialisatrices en territoire palestinien ; le dialogue avec les Palestiniens, dirigé par une Autorité palestinienne vidé de sa substance ; une situation explosive dans la bande de Gaza dirigée par le Hamas, mouvement islamiste classé comme organisation terroriste par l’UE.

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