Tomorrowland ou les songes électroniques

, par Hervé Moritz

Tomorrowland ou les songes électroniques
L’année dernière, la scène avait des allurs de fête foraine. Cette année, c’est le château de la Belle au Bois dormant que certains ont cru reconnaître. - Luc Mercelis

Du 24 au 26 juillet dernier, à Boom, non loin d’Anvers en Belgique, 180 000 festivaliers du monde entier se sont retrouvés pour la 11e édition du festival Tomorrowland. Déroulant le tapis rouge à la crème de la crème de l’electro international, le festival construit un imaginaire hors du commun.

Un festival international à l’imaginaire universel

Créé en 2005 en Belgique et fruit d’une idée de deux frères, Manu et Michiel Beers, Tomorrowland réunit à l’origine les amateurs d’electro. Le festival est aujourd’hui organisé par la société néerlandaise ID&T, spécialiste des festivals et de la musique électronique. Connaisseurs et néophytes s’y retrouvent pour découvrir trois jours durant les étoiles montantes de l’electro, de la techno et de la house, mais aussi les stars internationales du milieu. Depuis sa création, le festival a pris de l’ampleur, notamment grâce à sa renommée internationale. Cette année, les 180 000 tickets ont trouvé preneurs en moins d’une heure. Parmi les heureux élus, 35 000 étrangers issus de 106 pays qui participent à cette grande communion du « monde de demain ».

C’est dans un univers fantastique, voire fantasmagorique, que les disc-jockeys se relaient devant un public survolté. La grande scène arbore une façade hors norme qui produit un imaginaire que l’on pourrait croire tout droit sorti des films de Tim Burton. Et les à-côtés du festival ne sont pas épargnés. Pour ne pas interrompre le rêve pendant près de trois jours, la cité qui accueille les festivaliers, où l’on retrouve le camping, restauration et boissons, espaces de jeux et de détente, a revêtu des décors de contes de fée. Cette « Dreamville » participe à la création de cet imaginaire, qui s’exporte.

En effet, dès 2013, le festival s’installe aux Etats-Unis au mois de septembre. TomorrowWorld rassemble ainsi des milliers de spectateurs à Chattahoochee Hills, non loin d’Atlanta en Géorgie. L’année suivante, les organisateurs ouvrent un troisième festival au mois de mai à São Paulo au Brésil. Un succès à l’international qui n’interrompt pas le flot de festivaliers cosmopolites qui débarquent en juillet à Boom. Dès 2012, le festival signe d’ailleurs un accord avec Brussels Airlines pour favoriser l’accueil du public étranger, affrétant des avions pour l’occasion, qui se transforment le temps d’un vol en boîte de nuit volante.

Défilé de stars aux platines

Dans cet univers de rêves et de songes, les têtes d’affiche côtoient les artistes de la nouvelle vague electro. Le jeune festival a ainsi accueilli cette année des barons tels que David Guetta, Dimitri Vegas et Like Mike, ou encore le Suédois Avicii, qui ont enflammé le public de la plaine, qui fait face à la « Main stage ». Les DJ Hardwell et Tiësto ont quant à eux clôturé le festival.

Originalités de cette édition 2015, l’Orchestre national de Belgique a participé aux festivités en se produisant sur la grande scène dans l’après-midi de dimanche. Au programme, « Symphony of Unity », oeuvre cosmopolite composée pour l’événement, et quelques tubes de l’electro mondial et d’artistes qui fréquentent régulièrement les platines de Tomorrowland. Autres anecdotes cette année, quelques mariages ont été célébrés sur le site du festival, des mariages féériques dans le ton des festivités.

L’ombre des critiques et des polémiques plane sur le festival

Cependant, certains mélomanes n’apprécient guère la tournure que prend le festival. Autrefois le rendez-vous de l’electro européenne et internationale, les puristes et les fans d’electro dénoncent un public qui se désintéresse de la musique. Les découvertes ont laissé place à l’electro « mainstream », qui plaît à la foule que draine Tomorrowland.

D’autres aficionados dénoncent un royaume du « boom-boom » qui a perdu son âme et qui flirte avec le kitsch et la démesure d’un Disneyland surfait. Le festival est en effet connu pour ses scènes de débauche et de liesse, aux festivaliers dénudés et bien imbibés, et se transforme de temps en temps en Spring break géant.

Quant aux prix, ils flambent. Si le festival se veut cosmopolite, on peut difficilement le qualifier de « populaire ». Il se transforme peu à peu en « festival de riches », où seuls les plus fortunés peuvent encore profiter des célébrations. Le ticket d’entrée pour un jour s’élève à 105 euros pour ceux qui ont réussi à acquérir à temps le précieux sésame. Cependant, celui-ci n’inclut pas le camping et les frais annexes sont nombreux sur le site. Dans La Libre, on détaille les tarifs : la bière à 4 euros, la portion de frites à 7 euros. Le « Full Madness Pass » pour les trois jours dépasse les 260 euros cette année (335 euros avec le camping). Les Belges bénéficient pourtant de tarifs préférentiels pour permettre aux gens de la région de prendre part à la fête, mais beaucoup y renonce face à l’affluence et aux tarifs.

Du côté des artistes, aux demandes parfois extravagantes, les cachets choquent également la presse belge. On parle de 350 000 euros pour la prestation de David Guetta. Les fans de la première heure dénoncent cette course au business qui dénature la magie originelle du festival, lui donnant l’allure d’un parc d’attraction fade.

« Sexe, argent, drogue et alcool ». Il faut toutefois relativiser. Tomorrowland demeure une manne économique et financière immense pour la région, qui attire l’espace de trois jours des milliers de festivaliers du monde entier. C’est aussi l’occasion de mettre toute la lumière sur le pays et sur les sponsors qui se bousculent au portillon. Ce festival cosmopolite se veut ouvert sur le monde et à encore de beaux jours devant lui, si toutefois il ne renonce pas à l’âme qui l’a fait naître, un amour sincère de la musique electro et du partage de la fête.

La prochaine édition aura lieu du 22 au 24 juillet prochain. Pour plus d’informations sur le festival, www.tomorrowland.com.

Sources : LaLibre.be.

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