J’étais tellement confiante que j’ai rejoint l’Autriche sans mon téléphone, en suivant la signalisation de l’eurovélo 9. Les champs à perte de vue, traversés uniquement par des biches et des lièvres, étaient tellement beaux, je ne voulais pas que ça s’arrête. La première nuit, un sanglier est venu renifler ma tente, mais m’a épargnée. Le lendemain, j’ai traversé la frontière autrichienne, marquée par une table de picnic, sous la chaleur. Des cyclistes rencontrés sur l’application Warmshowers m’ont hebergée.
Vienne
À Vienne, j’ai pu rencontré différents acteurs du terrain grâce à ma tante qui travaillait à Caritas, une ONG d’aide aux exilés. Une rencontre incroyable a été avec Lukas Gahleitner d’Asyl Koordination, que l’on m’a présenté comme étant une star de la politique de l’asile. Son rôle est de contextualiser les chiffres et statistiques de l’asile affichés par le gouvernement autrichien. En 2022, l’augmentation importante du nombre de demandeurs d’asile en Autriche avait été très médiatisée. Penché sur des graphes, il m’explique que ces chiffres sont à corréler avec le nombre élevé de désistement de la procédure d’asile. Ces demandeurs ne font que passer par l’Autriche. C’est un pays de transit vers l’Allemagne.
J’ai également eu la chance de visiter le centre d’hébergement pour mineurs dans lequel ma tante travaillait. J’ai eu le droit de le visiter, mais pas de prendre de photos. L’étage est coupé en deux : d’un côté les adultes, de l’autre les mineurs. Chaque côté a une cuisine sommaire. La buanderie est accessible par l’extérieur. Dans le jardin, il y a un garage à vélo et un petit potager. Le directeur m’explique que depuis que leur budget a été coupé, ils ne peuvent plus avoir de cours d’allemand dans le centre. Communiquer avec les habitants du centre demeure pourtant le challenge principal.
À cause budget des différences de budget, les mineurs étrangers sont hébergés séparément des mineurs autrichiens en foyers. En effet, l’État fournit un maximum de 95 euros par jour pour un mineur étranger, contre un minimum de 120 euros pour un mineur autrichien. Le montant varie énormément en fonction de l’État. L’État de Vienne compense la différence et alloue 202 euros par jour aux mineurs étrangers. L’État de Burgenland leur alloue 82,5 euros - moins que ce qu’est prêt à rembourser l’État. Cette différence bugétaire se traduit par les services porposés aux mineurs. Un membre de personnel s’occupe de 12 jeunes étrangers comparé à 6 pour les Autrichiens. Autre différence, pour les mineurs Autrichiens, chacun à sa chambre.
L’accès à l’emploi est également difficile en Autriche pour les demandeurs d’asile. S’ils ont le droit en théorie d’accéder à un emploi après trois mois (en France c’est six mois), ils n’ont qu’accès à des contrats saisonniers de 6 mois dans le tourisme, l’agriculture ou la sylviculture. Une représentante de la Croix Rouge m’explique pourtant que l’emploi est bien plus efficace pour apprendre la langue que les programmes de formation que proposent l’État ou les associations.
Enfin, j’ai rencontré le Département pour l’Intégration et la diversité de la Ville de Vienne. Réunies dans leurs locaux, les agentes m’explique que la mixité sociale est favorisée grâce à la politique du logement social à Vienne. J’étais très impressionnée par les projets d’intégration mis en place, qui ne ciblent pas uniquement les étrangers, mais également les Viennois intéressé
es par la diversité des langues et des religions dans leur propre ville. Par exemple, la Ville a créé une application qui propose des phrases de base dans dix langues parlées à Vienne, ainsi que la prononciation des prénoms étrangers communs. L’intégration est à double sens à Vienne.
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