Une Europe fédérale pour promouvoir un nouveau modèle de croissance

Aller vers un développement durable et une meilleure qualité de vie

, par Alberto Majocchi, traduit par Jean-Luc Prevel

Une Europe fédérale pour promouvoir un nouveau modèle de croissance
Auteur : tomkellyphoto

« Ceux d’entre nous qui veulent une Europe unie, les partisans de l’intégration européenne, doivent abandonner les demi-mesures et les faux compromis pragmatiques et apprendre à nouveau ce qui nous importe vraiment. Les Etats-Unis d’Europe. Rien de plus et rien de moins. La crise actuelle nous a montré que les demi-mesures ne peuvent pas résister à de dures réalités, pas plus que les faux compromis. Elle a aussi montré que les visionnaires européens étaient les véritables réalistes. Et que seule la voie vers les Etats-Unis d’Europe peut offrir une réelle alternative à l’échec ». J. Fischer, Les Etats-Unis d’Europe, conférence à l’Université Heinrich Heine de Düsseldorf, 1° juin 2010

1/ Durant les deux dernières années, une crise profonde a ravagé l’économie mondiale. Les pays les plus industrialisés ont été lourdement touchés ; plus que les nouvelles économies émergentes. Les gouvernements ont essayé de faire face à la crise avec les instruments traditionnels des politiques fiscales et monétaires expansionnistes. Une récession totale a été évitée, mais les pays riches ne sont pas complètement sortis de la crise. Cette expérience dramatique a montré qu’il y a un besoin urgent de changement. Au siècle dernier, l’objectif principal de la politique économique consistait à promouvoir des augmentations du Produit intérieur brut (PIB) qui étaient identifiées avec une augmentation du bien-être. Dans de nombreux pays, le PIB augmente, mais la qualité de la vie ne s’améliore pas au même rythme. La pression sur les ressources naturelles est indurable. En cherchant de plus en plus de sources d’énergie, des désastres naturels s’ensuivent comme le montre la pollution pétrolière du Golfe du Mexique. La globalisation et la compétition mondiale croissante qui s’ensuit oblige de nombreux pays à démanteler le welfare system et à diminuer la protection de l’environnement. Aussi, les temps semblent mûrs pour passer de toute urgence de la croissance incontrôlée au développement durable et à une meilleure qualité de vie. Alors que la crise de l’économie mondiale a eu son origine dans le secteur financier, elle s’est rapidement étendue à l’économie réelle. Elle est née d’un déséquilibre fondamental au sein de l’économie américaine où la demande a pendant plusieurs années dépassé la valeur de la production avec un déficit permanent de la balance commerciale qui s’en est suivi, jumelé à un déficit budgétaire en expansion constante et à un endettement croissant du secteur privé. De 1976 à 2007, 1 % des ménages américains les plus riches atteignaient 58 % de l’augmentation totale en revenus réels. Comme conséquence de cette inégalité croissante dans la distribution des revenus, le système bancaire américain a été largement impliqué dans le soutien de la demande, qu’il s’agisse de maisons (et d’autres biens durables) ou de biens de consommation, sans prendre en compte l’utilisation abusive de ressources naturelles et matérielles, favorisant ainsi l’émergence du double déficit et la dégradation de l’environnement global.

2 / La croissance ininterrompue de l’économie mondiale a été soutenue durant les deux dernières décennies par une augmentation spectaculaire de la productivité entraînant l’expansion mondiale d’une vague considérable de développement technologique qui a suivi la révolution des techniques de l’information et de la communication née aux Etats-Unis. Mais le modèle de croissance prévalant aux Etats-Unis est maintenant obsolète car largement basé sur une demande de consommation épuisant les ressources et l’économie américaine reste la plus exigeante en énergie dans le monde industrialisé. Par ailleurs, l’augmentation de la consommation des ménages américains est largement comblée par des importations à bas prix provenant de pays en cours d’industrialisation. Il est vrai que cette demande soutient les exportations de ces régions mais, de cette manière, les ressources réelles vont des pays les moins riches du monde vers les plus riches.

Le rôle d’équilibrage joué par les Etats-Unis dans le soutien de la croissance de l’économie mondiale dans la période après la 2ème guerre mondiale -avec un surplus de la balance commerciale finançant le déficit dans le compte du capital- est maintenant totalement absent. Après l’adoption du Plan Marshall, les Etats européens furent obligés d’importer les biens de consommation des Etats-Unis, dans la mesure où la production locale était totalement interrompue du fait de la guerre et ces importations étaient payées par l’arrivée des fonds américains. Mais, de cette manière, cela soutenait en même temps la conversion de l’économie américaine de production militaire en production de biens civils et le rétablissement de l’économie européenne. Aujourd’hui le double déficit des Etats-Unis est financé par des importations de capital du reste du monde. Malheureusement, le modèle de croissance américain a été largement suivi dans l’ensemble de l’économie mondiale. Ce modèle -qui prévaut encore généralement- a caractérisé la seconde moitié du siècle précédent mais il devrait être maintenant radicalement modifié. Pour la plupart des pays, le facteur principal déterminant le taux de croissance était un développement technologique de type imitatif. Il suffisait d’importer les meilleures technologies des pays les plus avancés pour augmenter la productivité et élever le niveau de vie. Mais de nombreux pays ont maintenant atteint la limite technologique et sont incapables de redémarrer la croissance en important des technologies de l’étranger. Si une nouvelle phase de croissance doit démarrer, une nouvelle capacité d’innovation doit être mise en avant et il faudrait envisager la production de nouveaux types de biens et différents processus de production.

3 / L’objectif du nouveau modèle de croissance, c’est une meilleure qualité de vie, mais la réalisation de ce but requiert en premier lieu un changement profond du modèle de consommation. Dans les pays riches, ce sont des biens qui satisfont de réels besoins humains, et améliorent le bien-être, qui devraient être acquis en plus grande quantité. Beaucoup de ces biens sont immatériels -par exemple, les services à la personne, les biens culturels, les ressources naturelles, la qualité de l’environnement. Par ailleurs, dans le monde post-industriel, après la révolution des techniques de l’information et de la communication et l’augmentation de la productivité du travail qui s’en est suivie, le temps de travail pourrait diminuer, créant ainsi un espace pour davantage de loisirs. En conséquence, la demande pour bénéficier de biens culturels et naturels pourrait augmenter. En même temps, une plus grande quantité de biens matériels pourrait être mise à disposition pour satisfaire les besoins humains de base dans les pays pauvres du monde. C’est le premier pas pour initier un processus de croissance endogène dans ces pays également. Les processus de production devraient aussi être modifiés en profondeur. La protection de l’environnement devrait être considérée au même titre que la maximisation du profit et la compétitivité dans l’évaluation de l’efficacité des méthodes de production adoptées par les firmes. Dans cette évaluation, les économies d’énergie et la diminution de l’utilisation des ressources naturelles devraient être considérées comme des paramètres importants. Des biens essentiels plus efficaces pourraient accroître la productivité, donnant ainsi la possibilité de salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail pour les travailleurs.

4 / Dans les pays riches, les processus de production sont largement dévoreurs d’énergie. C’est particulièrement vrai pour les Etats-Unis qui consomment un quart de la production mondiale de pétrole bien qu’ils ne représentent qu’un vingtième de la population mondiale. Comme l’a récemment souligné le Président Obama, le moment pour une énergie propre est arrivé et l’utilisation d’autant d’énergie par unité de PIB devrait être réduite. Il est bien connu que le changement climatique est lié, dans une grande mesure, à la consommation des combustibles fossiles. Pour combattre le réchauffement climatique, l’utilisation de combustibles fossiles devrait être fortement diminuée. Une taxe carbone pourrait être efficace en promouvant une économie d’énergie par l’élévation du prix de l’énergie apportée par le montant de la taxe, ou par le changement de combustible dans la mesure où la taxe carbone favorise l’utilisation de combustibles qui contiennent moins de carbone. La taxe pourrait donc promouvoir une modération des émissions de CO2 et un changement de la structure productive sur la voie d’une économie à faible carbone. Une partie du revenu provenant de la taxe carbone pourrait être utilisée pour promouvoir l’innovation dans le domaine des énergies renouvelables ou l’exploitation de nouvelles sources d’énergie, tandis que la compétitivité des pays appliquant la taxe pourrait être protégée en introduisant un ajustement douanier frappant à la frontière les biens importés avec la même taxe prélevée sur la production domestique.

5 / Au niveau mondial, le modèle de croissance utilisé par le passé est maintenant indurable depuis que l’environnement global est incapable de supporter la pression sur les ressources naturelles qui a énormément augmenté. L’expansion prévue de la population mondiale de 6 à 9 milliards va intensifier la compétition mondiale en direction des ressources naturelles et rajouter une pression supplémentaire sur l’environnement. Le monde était écologiquement en équilibre lorsqu’un milliard seulement de gens étaient riches et consommateurs d’énergie. Maintenant, heureusement, le rapport entre riches et pauvres s’est inversé et un nouvel équilibre ne pourrait être atteint que si la consommation de ressources naturelles et l’exploitation des sources d’énergie diminuait dans les pays riches, dans la mesure où, du point de vue de l’équité, il est de plus en plus inacceptable que plus d’un milliard des plus pauvres soient exclus d’un niveau de vie raisonnable.

Par ailleurs, il est vrai que, alors que la disponibilité des biens de consommation a augmenté continuellement, même dans les sociétés prospères, certains besoins essentiels ne sont pas satisfaits d’une façon adéquate. Des mesures pour soutenir la consommation générale ne sont donc pas un moyen efficace pour sortir de la crise actuelle. Des mesures plus sélectives sont nécessaires et un processus ciblé sur la promotion d’un développement durable –d’un point de vue économique, social et environnemental- doit être mis en route aussi vite que possible.

6 / Une politique promouvant le rétablissement de l’activité économique dans le monde entier est la première étape inévitable qui doit être adoptée pour favoriser la relance d’un processus pour réaliser une croissance durable. Dans les sociétés prospères, cette politique ne devrait pas être ciblée sur un accroissement supplémentaire de la demande de consommation mais sur le renforcement d’un nouveau modèle économique et social plus équilibré, écologique. Des investissements sont essentiels pour atteindre cet objectif tout comme une politique de redistribution visant à réduire les inégalités existantes dans la répartition des revenus avec les effets économiques et sociaux négatifs qui s’ensuivent. Mais la consommation devrait être soutenue dans les pays les plus pauvres par une politique keynésienne au niveau mondial ciblée sur la réalisation des objectifs de développement du Millenium issus de la Déclaration du Millenium adoptée en septembre 2.000 par les Nations unies engageant les Etats membres dans un nouveau partenariat global pour réduire l’extrême pauvreté et mettre en place une série d’objectifs liés à un calendrier avec comme date butoir 2015.

La transition vers un modèle de développement durable requiert la mise en oeuvre d’un plan incluant des projets de dépense dans différents domaines :

  • des dépenses de recherche et développement et la promotion d’un niveau d’éducation plus élevé pour renforcer la compétitivité de la production intérieure ;
  • des investissements publics et privés dans les technologies avancées et le soutien de champions dans les nouvelles industries de pointe ;
  • le financement des projets pour améliorer la qualité de la vie pour les citoyens (la qualité de l’eau et de l’air, la mobilité durable, les énergies renouvelables, la rénovation urbaine, des services à la personne efficaces, particulièrement pour les personnes faibles -petite enfance, personnes âgées, personnes handicapées) ;
  • des investissements pour promouvoir la conservation et élargir l’utilisation des biens culturels et des ressources naturelles ;
  • des investissements pour compléter le réseau existant dans le monde entier dans les domaines du transport, de l’énergie et des télécommunications.

7 / Dans l’économie traditionnelle, la croissance dépend de l’augmentation incessante de la demande et de l’amélioration de l’efficacité de la production à travers les incitations du marché. Les prix reflètent l’équilibre entre l’offre et la demande et fournissent de justes incitations pour une allocation efficace des facteurs de production. Mais dans la nouvelle économie, les coûts extérieurs de la production et des activités de consommation dus à la pollution et à l’utilisation des ressources naturelles devraient être intégrés dans les prix pour éviter les erreurs du marché et maximiser le bien-être. Ce résultat pourrait être obtenu par l’utilisation à la fois d’instruments économiques (taxes environnementales, système d’émission commerciale) et de mesures de contrôle. Mais les coûts de la politique environnementale se traduisent par des prix plus élevés que ce soit par les taxes ou les mesures de contrôle et ces prix plus élevés modèrent les augmentations de la demande de biens et de services. D’où la question : la croissance économique est-elle freinée par la politique environnementale ? Dans la littérature sur la politique environnementale un rôle important est joué par l’hypothèse de Porter que les contraintes qui découlent de la politique environnementale obligent les firmes à promouvoir l’innovation technologique et, par conséquent, soutiennent la croissance économique. Porter suggère que l’innovation concerne les processus de production mais aussi les nouvelles pratiques de management avec pour conséquence une diminution des coûts de production. En fait, les pays qui ont des contraintes environnementales sévères montrent des taux plus élevés d’augmentation de la productivité : l’Allemagne, le pays exportateur le plus performant au monde est aussi l’un des plus avancés dans la protection de l’environnement. Il semble donc justifié de tirer la conclusion qu’à long terme il n’y a pas de hiatus entre la croissance économique et la protection de l’environnement.

8 / Dans l’ancien modèle de croissance les modifications de PIB sont largement utilisées pour évaluer l’efficacité d’une politique économique : mais le PIB n’est pas, en soi, un indicateur efficace de bien-être. Les dommages environnementaux ne sont pas calculés dans le PIB alors que les dépenses causées par la dégradation de l’environnement augmentent le PIB. Si une politique efficace de prévention des maladies est mise en place, les dépenses de santé diminuent et le bien-être se détériore en apparence. Cet exemple montre qu’un nouvel ensemble d’indicateurs est nécessaire pour mesurer le bien-être. L’objectif général de cet ensemble est de favoriser des mesures politiques capables d’améliorer la qualité de la vie à la fois pour les générations actuelles et futures par la création de communautés durables capables de gérer et d’utiliser les ressources d’une manière efficace et de tirer profit du potentiel d’innovation écologique et sociale de l’économie en assurant la prospérité, la protection de l’environnement et la cohésion sociale. La conclusion de la Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi promue par le Président français Sarkozy représente un premier pas utile dans la bonne direction.

9 / Les conditions de vie dans les zones urbaines représentent une caractéristique essentielle de la qualité de vie. Partout dans le monde, le progrès s’installe généralement dans les villes et les gens se concentrent dans ces zones, y compris dans les pays en développement. Mais la congestion et la pollution sont endémiques dans les zones urbaines avec des coûts extérieurs qui entraînent une dégradation dans la qualité de la vie. Donc, étant donné l’augmentation du ratio entre la population urbaine et les moyens de transport, la mobilité urbaine n’est pas garantie pour chacun. La vie urbaine est particulièrement pauvre pour les couches faibles de la population, particulièrement pour les bébés et les personnes âgées. Ensuite, un problème qui doit être traité d’urgence, c’est d’assurer la mobilité à l’ensemble de la population urbaine en mettant en place simultanément une réduction progressive de l’utilisation des véhicules privés. Pour réaliser ces deux objectifs à la fois, le pré-requis incontournable consiste à mener une politique apportant une planification cohérente du développement urbain qui prend soin –en tant que priorité pertinente- des besoins environnementaux. Comme deuxième étape, le développement d’un réseau efficace de différents types de transports publics devrait être assuré. Mais la réalisation de ce plan requiert beaucoup d’argent et beaucoup de temps. Il s’ensuit que, si l’objectif final doit être réalisé, durant la période de transition, l’utilisation de véhicules privés devrait contribuer à créer le plan de mobilité à travers un système de péage routier comme cela a justement été réalisé à Londres, à Singapour et avec des caractéristiques et des objectifs différents, à Milan ; un système capable de réduire progressivement l’usage des véhicules privés et de fournir en même temps l’argent pour créer les investissements nécessaires au développement du réseau de transport public ou de modes de transport alternatifs.

10 / L’un des pires effets de l’urbanisation, c’est la difficulté de garantir une production de nourriture suffisante pour nourrir la population dans les pays pauvres comme dans les pays riches. Dans les pays en voie de développement, une grande partie de la population se nourrit pour sa propre consommation ce qui devient impossible avec l’urbanisation. Une révolution verte visant à l’amélioration de la productivité dans le secteur agricole est très importante. Mais les mesures de politique agricole ne sont pas suffisantes en soi. Le niveau de la croissance de la population devrait être freiné et cette politique démographique devrait être soutenue par des mesures visant à soutenir un processus de décentralisation des activités économiques de manière à ce que l’effet d’agglomération poussant les gens à aller vers les zones urbaines les plus congestionnées soit équilibré.

11 / Quelques conclusions pourraient être tirées de cette analyse. La transition vers un monde favorable à l’environnement est en marche. Mais il faut reconnaître que le processus de changement du modèle économique actuel au niveau mondial requiert un effort multilatéral. Aucun pays ne pourrait atteindre ce résultat en agissant seul. Mais, si elle est capable d’atteindre l’unité politique à travers un lien fédéral, l’Europe a la possibilité de jouer un rôle important dans ce processus en montrant qu’il est possible de dépasser les dimensions nationales qui sont totalement inadéquates dans le monde moderne pour réaliser un développement durable. Une Europe fédérale pourrait adopter un nouvel ensemble d’indicateurs de bien-être, comme cela a été suggéré par la Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi pour avancer sur la voie justement indiquée dans l’article 3 du Traité de Lisbonne sur l’Union européenne qui établit que « le but de l’Union est de promouvoir (…) le bien-être de ses peuples ». Le programme d’investissements nécessaire pour engager une nouvelle phase de croissance pourrait être fondé par l’émission de bons de l’Union. De cette manière, alors que les Etats membres devraient se soumettre aux contraintes de Maastricht en garantissant la stabilité financière, une politique de croissance pourrait être réalisée par le gouvernement fédéral en adoptant la règle d’or des finances publiques qui établit que la dette n’est autorisée que pour des dépenses d’investissement et non de consommation. Avec ces comportements vertueux, on pourrait donc sortir du compromis entre stabilité et croissance. Au niveau fédéral, la transition vers une économie à carbone faible pourrait se fonder sur une taxe carbone, tandis qu’au niveau urbain le péage routier pourrait garantir la transition vers un modèle de mobilité durable. Si l’Europe réussit, ce pourrait être une incitation forte pour que les autres pays suivent la même voie. Mais le succès de la politique européenne requiert un changement radical dans la structure institutionnelle existante. Seule une Europe fédérale pourrait jouer ce rôle en réalisant une politique économique efficace soutenue par une politique extérieure mettant en avant un rôle positif de l’Europe dans la transition vers un monde multilatéral.

12 / Cette évolution positive des perspectives économiques de l’économie mondiale a été soutenue par la croissance technologique et la mondialisation a donné la possibilité à de nouveaux pays d’être inclus dans le monde industrialisé. Mais un effort global est nécessaire pour inclure aussi dans ce processus les pays les plus pauvres. Le continent africain représente le trou noir dans ce processus de croissance équilibrée. En fait, ce n’est pas seulement l’équité, mais aussi l’efficacité qui requièrent que la distribution des revenus soit améliorée entre et à l’intérieur des différents pays. C’est une tâche difficile mais décisive et dans cette région l’Europe -avec son expérience passée dans la promotion de la croissance du revenu dans les nouveaux pays qui ont rejoint l’Union- pourrait aussi montrer qu’un résultat positif est possible. En associant la promotion de la protection de l’environnement et une meilleure qualité de vie avec une juste distribution du revenu sur le continent européen et partout dans le monde, une Europe fédérale pourrait montrer qu’une politique visant à augmenter le bien-être pour les êtres humains est possible partout dans le monde. Il appartient maintenant au peuple européen de promouvoir la réalisation d’une Constitution fédérale effective en dépassant les limites dramatiques de l’Union européenne existante, confirmées par l’évidence accablante du ralentissement économique des deux dernières années qui ont montré que la crise européenne actuelle n’est que superficiellement une crise financière. Comme Krugman l’a justement remarqué « pour faire fonctionner l’euro, l’Europe a besoin d’aller beaucoup plus loin vers l’union politique pour que les nations européennes commencent à fonctionner davantage comme des Etats américains ». Fischer nous a aussi récemment rappelé que l’effondrement européen récent « est en essence une crise politique causée par la faiblesse politique de l’UE et de la zone euro ». Et il a ajouté « si l’UE est incapable d’agir dans son ensemble, alors la zone euro peut et doit agir en tant qu’avant-garde, d’abord avec le Traité et, si cela n’apporte aucun résultat ou que cela apparaît trop lent, en dehors du Traité ; mais dans son esprit et dans l’intérêt de l’Union ».

Il appartient aux gouvernements de prendre cette décision, mais c’est le rôle -et le devoir- du mouvement fédéraliste de promouvoir une initiative en mobilisant l’opinion publique et en poussant les gouvernements européens à agir en urgence.

Article initialement paru dans le n°159 de la revue Fédéchoses

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