« Avenir de la construction européenne : les citoyens doivent animer le débat »

Interview de Jacques Chauvin, président de l’UEF

, par Fabien Cazenave

« Avenir de la construction européenne : les citoyens doivent animer le débat »

A l’occasion des États Généraux de l’Europe du 21 juin 2008 à Lyon, le Taurillon interroge Jacques Chauvin, président de l’UEF - L’Union pour l’Europe Fédérale. Cette interview est intervenue avant le

Le Taurillon : Vous êtes président de l’UEF. Quel est son objet ?

Jacques Chauvin : L’UEF ne reconnaît de souveraineté qu’aux citoyens et son objet est de militer pour convaincre ceux-ci de la confier, selon les compétences qui en résultent, à des institutions politiques convenables pour être efficaces. En des matières telles que l’environnement, la diplomatie, la défense, les citoyens européens ne peuvent plus confier leur souveraineté à des états trop petits, trop faibles et, donc, incompétents. Il doivent la confier à un état supranational.

Cela n’interdit pas, au contraire, de conserver à des institutions locales l’exercice de la souveraineté des citoyens dans les domaines où ces institutions peuvent être effectivement compétentes. L’état supranational est le contraire d’un état jacobin centralisé : il n’a pas vocation à se mêler de ce qui n’est pas de son niveau. Il est dans sa nature de respecter les spécificités des parties constitutives, qui ne portent pas atteinte à la bonne gouvernance de l’ensemble.

C’est cet ensemble hiérarchisé qui constitue l’état fédéral pour lequel l’UEF milite, à la seule et fondamentale condition qu’il soit établi démocratiquement. Ce sont les citoyens seuls qui, par leur acte constituant, distribuent les compétences de leur souveraineté aux différents niveaux de l’état fédéral et eux seuls qui modifient cette distribution en tant que de besoin.

Le Taurillon : Vous allez participer aux EGE le 21 juin à Lyon sur la thématique « Aux urnes citoyens  ! ». Comment pouvons-nous recentrer le citoyen au cœur du débat sur l’avenir de l’Europe ?

Jacques Chauvin : Malgré leur petitesse, leur médiocrité et leurs diverses faiblesses spécifiques, nos états sont tous démocratiques : les citoyens y sont souverains. C’est au plus engagés d’entre eux à animer sans cesse le débat sur les politiques de l’Europe et sur l’avenir de la construction européenne. C’est aux pro-européens conscients et organisés de se placer au cœur du débat, d’y amener tous leurs concitoyens et d’en convaincre la majorité qu’un état fédéral européen est la pertinente réponses aux défis de notre temps. L’Europe doit vivre aujourd’hui et progresser demain selon la volonté souveraine des citoyens des 27 pays s’exprimant démocratiquement par leur vote.

Le Taurillon : Que doivent proposer les partis politiques européens pour faire des élections européennes un succès ?

Jacques Chauvin : Les partis politiques européens (PSE, PPE, etc.) ont à proposer de véritables programmes de gouvernement pour l’Union Européenne, programmes que les partis qui les représentent dans les divers états, devront reprendre sans y ajouter de démagogiques promesses de défense d’intérêts locaux face à « Bruxelles ». Il leur faudra obtenir que leurs candidats dans les 27 pays se consacrent sans compter à une campagne résolument pédagogique et que, convenablement entraînés, ils fassent front aux attaques des nationalistes de tous les bords.

En outre, il leur faudra faire savoir qui ils veulent voir à la tête de l’exécutif européen qu’est la Commission. Cette une procédure devrait mettre fin aux habituels arrangements opaques entre les partis et les chefs d’états et de gouvernements du Conseil. Ces derniers n’auront plus, alors, qu’à présenter au Parlement un candidat assuré de la majorité des députés, au nom de la majorité des citoyens souverains qui les auront élus. Ce sera un vrai progrès démocratique susceptible de motiver les électeurs à une participation plus grande.

Enfin, pour redonner aux citoyens européens le goût de s’occuper des affaires européennes et de continuer à bâtir entre eux une union toujours plus étroite, les candidats devront s’engager à faire, eux-mêmes, dès leur élection, d’incessantes démarches pour que reprenne le processus constitutionnel. Telle est la campagne que l’UEF demande aux partis européens de mener en 2009.

Le Taurillon : Que peut apporter la société civile pro-européenne au débat sur l’Europe ?

Jacques Chauvin : Sa conviction que, pour les citoyens européens, il n’est de salut que par le développement d’une Europe toujours plus unie. Il lui faut faire partager cette conviction, dire et répéter inlassablement que cette Europe doit être dotée d’institutions parfaitement démocratiques ayant les moyens d’exercer les compétences à elles dévolues.

Il lui faut rassurer en expliquant que ces mêmes institutions supranationales doivent être constitutionnellement empêchées d’outrepasser leurs compétences aux dépens des institutions « subsidiaires ». Expliquer cela, en démontrer le bien-fondé et réfuter sans relâche tout ce qui est dit et écrit contre l’avènement d’une telle Europe - voilà la tâche des organisations de la société civile.

Elles n’ont pas le monopole de cette tâche, mais elles ont, plus que d’autres, le devoir de l’assumer, parce que rien ne les empêche de le faire alors que les partis, de droite comme de gauche, restent tellement liés aux structures politiques de nos petits « états nations », ces serres chaudes où ils sont appelés à continuer de s’étioler.

États Généraux de l’Europe le 21 juin à Lyon

Un évènement de la société civile, festif et populaire

Les États Généraux de l’Europe (EGE) sont conçus avant tout comme un lieu de débats ouverts et accessibles au grand public sur les enjeux européens. Ils sont organisés par la société civile, en toute indépendance, dans une approche pluraliste, en coopération avec les autorités publiques nationales et locales. Organisés sur une journée, les EGE se décomposent essentiellement en trois types d’activités :

• 2 plénières :

 Plénière d’ouverture : de grandes figures européennes lanceront cette grande journée de débats en évoquant la citoyenneté européenne sous ses différentes déclinaisons : économique et sociale, politique et culturelle. Avec notamment : Giorgio Napolitano, Président de la République d’Italie ; Jean-Pierre Jouyet, Secrétaire d’État chargé des Affaires européennes ; Jacques Delors, ancien Président de la Commission européenne ; François Chérèque, Secrétaire Général de la CFDT, Elie Barnavi, Historien.
 Plénière de clôture : des députés européens de tous pays et des responsables français, seront interpellés par les trois représentants des associations organisatrices (Europanova, le Mouvement Européen - France et Notre Europe) pour réagir aux questions posées pendant la journée dans le cadre des ateliers-débats. A un an des élections européennes, les députés européens mettront en lumière la pluralité des sensibilités et des positions présentes au Parlement européen. Avec notamment : Daniel Cohn-Bendit, Martine Roure, Alain Lamassoure, Pat Cox, etc.

• 18 ateliers-débats autour des trois thèmes suivants :

 les outils de la démocratie en Europe (le droit de vote, la représentativité des citoyens, l’échange des idées par internet…)
 les échanges humains en Europe (la mobilité des jeunes, le sport, la santé, la culture, …)
 les responsabilités de l’Europe (la mondialisation, le développement durable, la responsabilité sociale des entreprises, les migrations…).

Ces tables rondes ont été conçues pour donne l’occasion à tous de s’exprimer et dialoguer avec des responsables européens, locaux, des syndicalistes, des chefs d’entreprises, des journalistes, des écrivains de tous horizons, sur l’Europe ! Seront notamment parmi nous : Michel Barnier, Jacques Barrot, Tommaso Padoa-Schioppa, Elisabeth Guigou, Bronislaw Geremek, Gérard Onesta, Bernard Soulage, Mercedes Bresso, Jean Besson, Didier Jouve, Thierry Philip, Jean-Michel Aulas, etc.

• Des activités ludiques seront proposées tout au long de la journée :

 Des activités pour les plus jeunes permettront aux parents de faire découvrir l’Europe à leurs enfants. Un spectacle pour enfant et des jeux « européens » seront prévus pour eux !
 Le café littéraire sera l’occasion de rencontrer les auteurs de livres consacrés à l’Europe avec la présence de Jean-Noël Jeanneney, ancien président de la Bibliothèque Nationale de France, de Guy Verhofstadt, ancien Premier ministre Belge, de Daniel Henri auteur du manuel d’histoire franco-allemand, etc.
 Le village européen rassemblera tous les partenaires de l’évènement.
 La simulation des travaux du Parlement européen. Pour fêter les 50 ans du Parlement européen, la « simulation » rassemblera près de 500 jeunes citoyens de 15 à 22 ans, de la région mais également d’Italie. Ils débattront et voteront une résolution sur « la participation des citoyens européens au développement durable ». La résolution, sera remise à Didier Jouve, Vice Président de la Région Rhône-Alpes, comme une des contributions à l’élaboration d’une vision partagée de Rhône - Alpes au 21ème siècle. Elle sera également remise symboliquement aux Députés européens.

Les associations impliquées dans l’organisation :

Action fédéraliste - Socialisme et Liberté, AFCCRE, Association Européenne Des Enseignants, Agence de l’Education par le Sport, Association réalités et relations internationales, Banlieues d’Europe, Bouge ta ville, bouge l’Europe !, Bruegel, cafebabel.com, FONDA/CAFECS, CCMSA, Cercle des Européens, Centre des Jeunes Dirigeants, CFDT, CGI, Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon, CIDEM, CIMADE, Commission européenne, Commission pour l’étude des Communautés Européennes, Communauté urbaine Grand Lyon, Confrontations Europe, Conseil Général du Rhône, Conseil Général des Jeunes du Rhône, Conseil régional Rhône-Alpes, Conseil syndical interrégional Alpes Arc alémanique, Débarquement jeunes, Decitre, EAPN France, EUCIS-LLL, EUNIC, Euractiv.fr, European Coalition for Corporate Justice, Europe Direct Rhône-Alpes, Europe et mondialisation, Europe et Société, Euros du Village, Fédération des centres sociaux, Fondapol, Fondation Armée du Salut, Fondation Robert Schuman, Forum civique européen, French American Foundation, GENEPI, GISTI, GL Events, Goethe Institut – Lyon, Groupe des Belles feuilles, Imagine ton futur, Institut ASPEN France, Institut de la Protection Sociale Européenne, Jeunes Européens – France, Jeunes Décideurs Europe Young leaders, Jeunesse Ouvrière Chrétienne, L’Europe à la Une, Ligue de l’enseignement, Ligue Européenne de Coopération économique, Maison de l’Europe, Movimento Federalista Europeo – Italie, Ministère des Affaires étrangères / Secrétariat d’Etat aux Affaires européennes, Mouvement rural de jeunesse chrétienne, Musée de l’Europe, Musée des confluences, Mutualité Sociale Agricole, Nouvelle Europe, Parlement européen, Parlement européen des jeunes, Plateforme sociale européenne, Pole européen de Lyon et Rhône-Alpes-Réalités européennes du présent, Sauvons l’Europe, Secours catholique, Sport et Citoyenneté, Taurillon, Terra Nova, Touteleurope.fr, UEF - Rhône-Alpes, Union pour une Europe Fédérale, UNIOPSS, URIOPSS Rhône-Alpes, UNSA, Ville de Lyon / Communauté urbaine.

Illustration : logo de l’UEF.

Vos commentaires
  • Le 18 juin 2008 à 12:39, par Ronan En réponse à : « Avenir de la construction européenne : les citoyens doivent animer le débat »

    Bref :

    Un objectif : l’Europe unie, pour la paix.

    Un moyen : l’Europe fédérale, par pertinence.

    Une méthode et un impératif : la voie démocratique.

    Une opportunité : les élections « européennes » de 2009.

    Une nécessité : mobiliser les électeurs.

    Pour ce faire : mettre en lumière des enjeux clairs.

    Qui sont : (1) la transformation de la Commission en Exécutif de l’Union enfin vraiment issu des urnes (et non plus essentiellement, comme jusque là, des tractations intergouvernementales...) et (2) la relance du processus constitutionnel.

    Pour le reste (et quant à l’ordre des priorités), il sera vain de chercher à construire l’Europe sociale, l’Europe de la protection de l’environnement, l’Europe de la lutte contre le réchauffement climatique ou l’Europe de la défense ou l’Europe de je sais pas quoi encore tant que nous n’aurons pas l’Europe politique et l’Europe démocratique, seules à même de faire naître - pour le règlement de chacune de ces questions - une autorité européenne vraiment légitime, unanimement reconnue et enfin respectée. Europe fédérale, maintenant !

  • Le 19 juin 2008 à 10:26, par Jacques Chauvin, Pdt, UEF-France. En réponse à : « Avenir de la construction européenne : les citoyens doivent animer le débat »

    AMEN !

    C’est l’évidence. Voilà la campagne qu’il nous faut mener !

    Méfions nous des palinodies intergouvernementales pour « sauver Lisbonne »

  • Le 19 juin 2008 à 14:34, par François et Jacqueline Poty En réponse à : « Avenir de la construction européenne : les citoyens doivent animer le débat »

    La construction européenne passe par 1/ Des objectifs : sauver la paix non acquise dans deux domaines fondamentaux : par la création de hautes autorités de l’energie et de l’immigration. 2/ Des institutions : Sauver le traité de Lisbonne si non : création d’un noyau fédéral par les 6 pays fondateurs et ceux qui voudront s’y associer. Les autres resteraient dans l’intergouvernemental en attendant de nous rejoindre. La société civile peut elle l’imposer à nos politiques ? c’est une question de volonté et nous attendons le Fédérateur

  • Le 20 juin 2008 à 14:23, par Ronan En réponse à : « Avenir de la construction européenne : les citoyens doivent animer le débat »

    Hier soit, sur « Europe 1 » (ça ne s’invente pas), Daniel Cohn-Bendit (Eurodéputé vert, membre du « Mouvement européen » ?!) proposait également l’élection du président de la Commission européenne au suffrage universel, sur deux tours (i. e : comme tête de liste officielle des listes politiques proposées aux choix des électeurs), à l’occasion des élections européennes de l’an prochain...

  • Le 20 juin 2008 à 14:26, par Fabien Cazenave En réponse à : « Avenir de la construction européenne : les citoyens doivent animer le débat »

    Bizarre de proposer une élection sur un nom alors qu’il représenterait un camp élu sur la base de liste ?

    Ou alors il proposait qu’il soit élu par le Parlement sur deux tours ?

  • Le 20 juin 2008 à 14:58, par Ronan En réponse à : « Avenir de la construction européenne : les citoyens doivent animer le débat »

    Et bien voilà : chaque parti concourrant au suffrage présenterait, en toute transparence, son candidat officiel à la présidence de la Commission (personnalité qui serait donc également sa tête de liste "pan-européenne" lors de ces élections).

    Et, une fois connu le résultat de ces élections, le « Conseil de l’Union » se verrait ainsi dans l’obligation (plutôt que de recourrir à ses traditionnelles tractations semi-secrètes...) de prendre - pour président de la Commission - la personnalité qui serait ainsi le chef officiel de la nouvelle majorité parlementaire.

    Pourquoi sur deux tours ?! (c’est vrai que l’expression "Benditienne" m’a sur le coup marqué sans que je me pose alors véritablement la question du "pourquoi deux tours"...) : peut-être (simple hypothèse...) parce qu’il fait ainsi allusion, suite au vote des électeurs et suite à la décision prise par le « Conseil européen », au vote de confirmation et d’investiture du nouveau Titulaire de la « Présidence de la Commission européenne » par le Parlement européen.

  • Le 2 août 2008 à 16:42, par Grand-mère En réponse à : « Avenir de la construction européenne : les citoyens doivent animer le débat »

    La souveraineté d’un citoyen heurte spontanément à la souveraineté d’état ou d’une union fédérale ! Devant la cour, d’appeler à la souveraneté ou de d’exiger l’immunité judiciare n’est pas admissible ! Comment peut-il, un citoyen simple, devenir souverain, lever son propre drapeau et vivre sous sa propre loi ? - that is the question ? Avec cet article vous trompez les gens ! Vous créez une illusion - la souveraineté ne peut pas être garantie dans une fédération ou dans un état. La souveraineté demande des gens lucides et conscients de leurs propres forces - mais, nos lois endorment nos intuitions et nos forces ; l’alcool coule ; les psychotropes hypnotisent ; les émissions amusantes font oublier cette existence des esclaves minables... et des manipulateurs perfides !

  • Le 4 août 2008 à 11:39, par Fabien Cazenave En réponse à : « Avenir de la construction européenne : les citoyens doivent animer le débat »

    Vous avez raison : revenez à la guerre du feu où vous ne serez jamais en sécurité et où régnera la loi du plus fort sur le plus faible. « A bas l’Etat ! »

    Petite question : et si demain on abolissait tout, penseriez-vous que nous serions en capacité d’avoir cette discussion tranquillement sur internet ?

  • Le 4 août 2008 à 13:43, par YVAN BACHAUD En réponse à : « Avenir de la construction européenne : les citoyens doivent animer le débat »

    Bonjour, Les citoyens français vont faire connaitre leurs propositions en matière de Constitution européenne.

    Ils prennent comme base la partie I du TCE de 2004.

    Quand ils auront revu les 10 TITRES et chaque article un par un. . Ils soumettront les 10 points fort de LEUR CONSTITUTION CITOYENNE a un bureau de vote de référence= ayant voté 53,06% SARKOZY à 0,5% près. Et nos gouvernants verront ce qu’ils leur restent à faire..

    Cela va débuter rapidement sur le forum de ETIENNE CHOUARD C’est ouvert à tous.... A+ Yvan Bachaud

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