Un impact mineur pour la France, tant sur le plan économique que politique
De manière générale et parfois réductrice, les élections sont vues en France comme un nouveau plébiscite pour Angela Merkel, encore très populaire et dont la politique économique suscite l’approbation de la majorité des Allemands.
Au regard des programmes économiques des principaux partis de gouvernement, les élections risquent de ne pas avoir de réel impact en France, et ce même si les sociaux-démocrates allemands emportent la majorité des suffrages.
Dans un pays où la plupart des réformes cruciales suscitent un relatif consensus au sein de la classe politique, les enjeux du scrutin sont mineurs, même pour le principal partenaire commercial de la première puissance économique du continent. Quelle que soit l’issue du scrutin, il est probable que la même politique de sérieux budgétaire sera mise en œuvre. La structure du marché du travail en Allemagne, suscitant de nombreux fantasmes en France, ne sera probablement pas modifiée par un éventuel gouvernement social-démocrate. Les synergies nouvelles recherchées entre le Parti socialiste français et le SPD allemand ne devraient sans doute pas aboutir à un véritable changement de cap en Europe.
Du reste, l’essentiel des relations diplomatiques et culturelles entre les deux pays resteront probablement inchangées en tant qu’elles sont entretenues par des institutions pérennes, relativement indépendantes des contingences politiques (diplomatie, programmes européens bilatéraux et multilatéraux).
Un très faible engouement des médias français pour la campagne
A quelques semaines du scrutin général outre-Rhin, un certain intérêt se développe au sein des médias français. Le débat entre les deux principaux rivaux, la chancelière Angela Merkel et l’ancien ministre social-démocrate Peer Steinbrück, on suscité de nombreux commentaires au sein de l’hexagone. Cependant, très peu d’informations sont rapportées sur les programmes réels des différents partis : les médias, les blogs et les différents canaux d’informations s’intéressent généralement plus souvent aux petites anecdotes qu’aux débats d’idées.
De surcroît, la France reste encore largement engoncée dans une vision étroite où le spectre politique est divisé entre droite et gauche. Seule la rivalité entre les conservateurs et les socio-démocrates fait l’objet d’une réelle analyse, tandis que les « tiers partis » tels que les libéraux du FDP, Die Linke et tant d’autres ne font, dans les articles, l’objet que de quelques développements superficiels.
En conséquence, la campagne est très généralement présentée par la presse française comme une dynamique somnolente, en comparaison avec les passions que peuvent déclencher des élections présidentielles ou municipales en France.
Une campagne totalement divergente des pratiques françaises
Les élections présidentielles en France sont traditionnellement le lieu d’un affrontement d’idée particulièrement vif entre les candidats ; malgré les prévisions des instituts de sondages, les tendances définitives ne se dégagent que quelques jours avant le second tour et la vie politique française a très souvent connu de nombreux soubresauts lors des trente dernières années.
Le suspense semble totalement absent en Allemagne, où la probabilité que le parti de Mme Merkel soit majoritaire au Bundestag et que celle-ci poursuivre sa fonction de chancelière n’a jamais été aussi forte. Même la question des alliances entre la CDU/CSU d’Angela Merkel et d’autres partis, si elle demeure très incertaine aujourd’hui, ne suscite pas d’engouement particulier.
Les divergences se font aussi jour en ce qui concerne la popularité du candidat sortant. La France se montre rarement enthousiaste à l’idée de réélire son président, souvent très impopulaire, parfois entaché par des réformes abandonnées. La stratégie électorale peut être toute autre en Allemagne, où la chancelière a gratifié les Allemands d’un « vous me connaissez » lors de son débat avec son rival social-démocrate, Peer Steinbrück. Les Allemands éprouvent un sentiment positif assez large à l’égard de la chancelière.
La campagne de 2013 est dominée par une seule personnalité : celle d’Angela Merkel. Contrairement aux campagnes françaises, peu d’attaques sont concentrées sur cette personnalité de premier plan, appréciée par la population pour son sérieux. Son rival social-démocrate ne parvient pas réellement à s’imposer comme une personnalité politique majeure et connaît un écart de trente points avec la chancelière dans les sondages de popularité. Cette situation diffère totalement de la France où les écarts dans les intentions de vote sont généralement très proches.
Les thèmes-phares de la campagne sont également différents ; si comme en France, les principaux débats portent sur les questions économiques, la dimension internationale est nettement plus marquée outre-Rhin, notamment concernant la politique à adopter concernant la zone euro. Les têtes de liste sont obligées de s’impliquer en évoquant l’hypothèse d’un nouveau plan d’aide à la Grèce, les plans de sauvetage. Au contraire, les affaires étrangères sont souvent l’un des grands absents des campagnes nationales françaises.
Un bref aperçu de la campagne législative outre-Rhin révèle des différences fondamentales entre les cultures électorales des différents Etats européens. Ces divergences devront nécessairement être prises en considération si des élections véritablement européennes venaient à être mises en place, et si des candidats de différentes nationalités travaillent et militent de concert.
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