Il y a quelques semaines, Europanova avait proposé un pacte présidentiel sur l’Europe aux différents candidats. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont répondu. Le Taurillon publie leurs réponses qui éclaireront votre choix pour le second tour de la campagne présidentielle.
Voici la réponse de Ségolène Royal publiée sur le site d’Europanova :
Monsieur,
Je souhaiterais tout d’abord saluer votre action ainsi que celle de l’ensemble des membres d’EuropaNova dans la promotion, au sein de l’espace publique, d’une véritable Europe politique.
J’ai bien pris note du Pacte Européen rédigé par votre collectif. Je partage largement son constat sur la situation actuelle. Oui, je veux que la France revienne à la table de l’Europe, et je ferai tout pour cela. L’Europe doit rester la grande ambition et la grande réalsation du XXIe siècle.
Mon Pacte présidentiel ne sépare pas, comme vous les savez, la dimension nationale de la dimension européenne. Car c’est de cette dichotomie artificielle que s’est précisément nourrie, à de rares exceptions près, l’indifférence voire la méfiance des peuples et à laquelle se sont abreuvés certains gouvernements, en faisant de l’Europe le bouc émissaire des politiques qu’ils ne voulaient pas assumer. Les conséquences sont là : les progrès apportés par l’Europe sont méconnus ou occultés. Les égoïsmes nationaux ont rarement été aussi virulents.
Je me suis engagée dans mon Pacte présidentiel sur un certain nombre de propositions et d’orientations claires.
On ne pourra relancer l’Europe qu’à travers la politique. De même, l’ « envie d’Europe » ne pourra procéder que d’un processus impliquant les peuples. Après les « non » français et néerlandais, plus encore que de règles techniques, nous avons besoin d’une vraie volonté politique. elle doit tracer la voie d’une « Europe par la preuve », conjugant émulation, harmonisation, et mutualisation dans laquelle seront réalisées des avancées concrètes sur des sujets de préoccupation quotidiens des citoyens.
Une réforme institutionnelle permettant à l’Europe de fonctionner à vingt-sept est nécessaire. Il faudra prendre acte de la nécessité d’un nouveau traité mais également d’une nouvelle manière de construire l’Europe. Les peuples ont découvert qu’une partie de la construction européenne s’était faite en dehors d’eux. Ils ont également perçu qu’il n’y avait pas ou plus de consensus sur le modèle européen.
L’Europe ne peut plus se faire sans les peuples. C’est la raison pour laquelle, si je suis élue par le peuple français, le traité européen sera ratifié par référendum. Il interviendra en même temps que les élections au Parlement européen, le 14 juin 2009. Après le rejet du traité constitutionnel le 29 mai 2005, c’est une obligation démocratique. Je suis prête à prendre ce risque politique.
Les peuples ne retrouveront l’ « envie » d’Europe que s’ils savent pourquoi nous sommes ensemble et pour quoi faire. La question des raisons d’être de l’Union Européenne que vous posez, avec beaucoup d’à propos, me paraît ainsi déterminante.
Quel avenir les européens veulent-ils construire ensemble ?
Les peuples ont perçu qu’il n’y avait pas ou plus de consensus sur le modèle européen. L’Europe ne protège pas, c’est un espace de vulnérabilité. Il convient ensemble de proposer les nouvelles sécurités et solidarités dont l’Europe a besoin.
– Je mettrai en premier lieu l’accent sur un objectif, la paix, qui, dit-on, ne correspond plus à la réalité. C’est faux. S’il ne s’agit plus de réconcilier la France et l’Allemagne, les vieilles haines nationales sont toujours promptes à resurgir à l’Est et au Sud de l’Europe. L’ordre international a besoin d’équilibre. L’Europe est le seul acteur qui puisse équilibrer les relations internationales dans le sens de la paix. Elle doit le faire, en premier lieu, à sa périphérie. L’Europe doit définir sa politique à l’égard de ses voisins que sont le Moyen Orient, l’Afrique, la Russie.
– En second lieu, je veux rappeler, au sein de l’Union, en quoi l’exigence de solidarité est intimement liée à celle d’efficacité. Je tiens à souligner que la concurrence sur les marchés européens et mondiaux ne peut constituer, en tant que tel, un projet de société. Les Européens ne veulent pas d’une compétition entre Etats membres basés sur le moins disant fiscal et social. Ils ne veulent pas d’un modèle européen qui soit la lutte de tous contre tous. Il convient ainsi de promouvoir les investissements communs dans les énergies renouvelables, la recherche et les transports ainsi que de promouvoir une agriculture protectrice de l’environnement.
– En troisième lieu, je suis convaincue qu’il y a une insuffisante prise en compte des questions sociales par l’Union en général et dans le traité en particulier. Cette dimansion sociale devra nécessairement être plus présente à l’avenir, dans les politiques et dans les textes. La Présidence française en 2008 permettra, si je suis en responsabilité, d’y travailler avec les autres Etats membres.
Les éléments essentiels du modèle social européen doivent pour moi être les suivants : un niveau de vie améliorié, une sécurité renforcée dans la vie professionnelle, le droit à une formation de qualité tout au long de la vie, le strict respect des libertés syndicales. Nous devrons également mettre en place des critères de convergences sociaux pour mesurer les progrès réalisés en matière de salaires, d’emploi, de conditions de travail, d’égalité hommes femmes, d’accès à la formation professionnelle, de santé au travail.
Je proposerai à nos partenaires la négociation d’un protocole social. Les partis socialistes européens, sous l’impulsion de MM. P. N. Resmussen et J. Delors, ont avancé sur ce point afin de renforcer les droits des travailleurs. Je sais que cette idée commence à faire son chemin.
Ces trois objectifs, la paix, la solidarité et le social ne pourront valablement être mis en oeuvre que si plusieurs instruments politiques sont réunis : un budget à la hauteur des ambitions européennes, un gouvernement économique, une participation citoyenne.
– L’Europe doit enfin se doter à la hauteur de ses ambitions. La limitation à 1% du PIB du budget européen la prive des moyens de mettre en place les nouvelles politiques qu’appellent les enjeux actuels. Le budget européen doit être sensiblement augmenté, avec une priorité à la recherche et au développement. Le réexamen des politiques anciennes de l’Union et leur nécessaire rénovation ne doivent pas servir de prétexte à une baisse du budget et à des en retrait en matière de politiques communes. Dans le cadre de la renégociation du budget européen, aucun sujet ne doit être tabou, ni la PAC, ni le « chèque britannique ».
– L’Europe doit se fixer comme objectif une croissance dynamique et créatrice d’emplois. La croissance et l’emploi doivent être inscrits dans les statuts de la Banque centrale européenne dont les compétences doivent être élargies. Il est absolument nécessaire de mettre en place un gouvernement économique au sein de la zone euro. L’objectif de ce gouvernement économique ne sera ainsi plus seulement la lutte contre l’inflation, mais également la croissance et l’emploi.
– La dimension citoyenne est partuclièrement importante. Le rôle de mobilisation des associations et leur contribution dans l’implication accrue des citoyens sur ces thématiques est et sera fondamental. La dimension citoyenne des relations entre les différents Etats membres de l’UE doit être par ailleurs renforcée. Je m’y suis notamment engagée en développant, si je suis élue par les Français, des filières bilingues d’enseignement dans les Etats membres de l’Union.
François Mitterrand disait : « la cause que nous portons est plus forte et plus belle que nous, et c’est cela qui nous conduit et qui nous pousse en avant. »
Je sais l’action et le rôle pionnier que joue, depuis plusieurs années, EuropaNova dans la promotion de cette cause commune. Je ne doute pas que, si je suis élue par les Français, nous pourrons, au cours de ces prochains mois qui s’annoncent cruciaux pour la France, la faire avancer ensemble.
Je vous prie de croire, Monsieur, à l’assurance de mes salutations les meilleurs.
Ségolène Royal
Pour précision auprès de nos lecteurs, cette réponse a été envoyée le 27 avril 2007. Par ailleurs, Ségolène Royal a répondu plus précisément à chaque point du Pacte Européen. Ces réponses peuvent être consultées sur le site d’Europanova
Pour voir la réponse de Nicolas Sarkozy au Pacte européen : clickez ici
1. Le 1er mai 2007 à 10:13, par ? En réponse à : Ségolène Royal et le Pacte européen : non à l’élection du président de l’Union européenne et au « semestre européen » pour les jeunes.
Je tiens à féliciter Europanova de cette initiative qui permet de mettre en lumière la position de nos candidats sur la question cruciale de l’Europe. Toutefois, vous annoncez dans le titre de l’article concernant Madame Royal des prises de positions négatives et provocatrices que je n’ai retrouvé nulle part dans l’article. Pourquoi refuse-t-elle l’élection d’un président européen et surtout pourquoi est-elle contre le « semestre européen » alors qu’elle défend d’autres initiatives transnationales ? Cordialement.
2. Le 1er mai 2007 à 10:46, par Fabien Cazenave En réponse à : Ségolène Royal et le Pacte européen : non à l’élection du président de l’Union européenne et au « semestre européen » pour les jeunes.
Pour être précis, Ségolène Royal est contre l’élection du Président de l’UE au suffrage universel.
Voici sa réponse sur ce point précis trouvée sur le site d’Europanova : « Je soutiens l’idée d’une présidence stable de l’Union européenne, qui a d’ailleurs été retenue par le traité constitutionnel. Dans une Europe élargie et de plus en plus hétérogène, il est essentiel qu’une personne puisse consacrer du temps à la tête de l’Union, en ayant également le souci de renforcer la légitimité de la présidence de la Commission. L’idée que la présidence du Conseil européen et la présidence de la Commission soit à terme unique est à considérer avec attention. »
Or la Présidence du Conseil européen n’est pas au suffrage universel.
Pour le non au semestre européen, elle ne propose qu’Erasmus, qui est réservé aux étudiants (même s’il faut déjà donné plus de budget à cette grande action il est vrai).
Voici sa réponse sur ce point précis : « Il faut impérativement développer toutes les initiatives qui contribuent à une plus grande mobilité des jeunes, étudiants comme apprentis, base du sentiment d’appartenance à un ensemble commun et condition de la citoyenneté européenne. J’ai proposé de créer un nouvel Erasmus, pour que tous les étudiants européens passent un semestre d’étude dans un autre pays que le leur et que les jeunes en apprentissage en bénéficient aussi. Il faudrait tripler ce budget. »
J’espère avoir répondu à votre question. Salutations européennes.
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